Le déroute boursière est due depuis longtemps.
Elle est due depuis que l’on a raté l’Exit en 2010 et qu’au lieu de retourner à la normale monétaire on a doublé la mise de l’inflationnisme. On a évité la chute en gonflant les QE, on a différé le Taper, on s’est donné les moyens d ‘institutionnaliser l’avilissement monétaire perpétuel.
L’existence du « Put » instauré par Greenspan et revivifié par Bernanke par son fameux: « nous ne laisserons jamais les conditions monétaires se resserrer », l’existence du Put a jusqu’à présent dissuadé les ventes. La communauté a toujours, jusqu’à présent été convaincue de bénéficier d’un filet de sécurité.
La communauté spéculative et les portefeuilles ont toujours considéré qu’en cas de baisse forte, la Fed et les banques centrales interviendraient pour sauver les marchés. C’est ce qui s’est passé en 2015 et 2016: la dislocation chinoise, avec celle du pétrole ont déclenché le Put, un Put global .
Un Put global concerté sous la houlette de Yellen . Un put réussi puisque la déroute boursière s’est interrompue, le sentiment mondial s’est remis en risk-on, la reflation a suivi, donnant même l’illusion d’un reprise saine auto-entretenue et synchronisée.
Nous vous avons toujours dit que c’était un piège; vous le savez. Nous avons été l’un des rares à analyser la reprise de 2017 comme temporaire et produite par ce que nous avons appelé le consensus de Shanghai.
Je voudrais faire comprendre une chose délicate à savoir que certes les taux ont été montés, la liquidité en dollars a baissé, la conjoncture se modère et une correction des marchés était donc probable, mais ce qui fait sa gravité c’est la croyance que le Put de la Fed, c’ est terminé.
Plus encore que les éléments objectifs listés ci dessus, qui justifient une correction, ce qui produit ce marché horrible, cette débandade, ce sauve qui peut, c’est l’idée que Powell a fait sauter le Put. Les intervenants sur les marchés sont orphelins. Livrés à eux même. Et ils ont le vertige, ils ont peur pour la première fois depuis longtemps.
Le comble c’est que le jour même ou Powell a donné l’impression très nette d’abandonner le Put, Greenspan, le père du Put était interviewé sur Bloomberg pour commenter la décision et le texte du FOMC! Powell a commis son parricide en quasi temps réel, en direct!
L’attente à l’issue du FOMC , n’était pas sur les taux, la hausse était chose entendue; non l’attente était attente de la petite phrase qui aurait revivifié le Put, qui lui aurait donné un signe, un signal attestant que la Fed était toujours là, et qu’elle reconnaissait la gravité de la baisse et qu’elle était prête à intervenir.
Un signal, pourvu qu’il soit explicite aurait suffi. et les marchés l’attendaient ce signal et il n’est pas venu! Un signal explicite dis je, venant de Powell lui même aurait suffi et aucune décision pratique n’était nécessaire, c’est cela la magie des marchés. Powell, ce signal de sa part, ce signal crédible il n’a pas voulu le donner.
Il ne l’a pas donné et nous comprenons pourquoi: parce qu’il est neuf et que son ambition c’est de restaurer le doute sur les marchés. Il faut, selon sa conception qu’il y ait à nouveau deux sens, la hausse et la baisse, sur les marchés. Il faut réintroduire le risque et faire remonter son prix, c’est à dire les primes de risque. Il faut les réadapter à moins compter sur les béquilles. Powell veut rééduquer.
Comme il est neuf, personne n’est assuré de la continuité des Greenspan, Bernanke et Yellen. Powell a le bénéfice du doute et c’est un capital qu’il veut garder. C’est à la limite son seul capital; on croit qu’il peut être différent de ceux qui l’on précédé..
Powell a son agenda, le sien et sa conception; et si il a refusé de céder mercredi c’est parce qu’il est persuadé que cela est jouable. Il croit que la conjoncture ne va pas trop fléchir, il croit que l’inflation étant maîtrisée, les taux longs vont rester bas et que les USA vont continuer d’attirer les capitaux du monde entier. Il croit que les marchés eux même vont trouver un nouvel équilibre plus bas certes mais un équilibre de meilleure qualité.
Est ce que la dynamique des bulles, le levier mondial, la spéculation globale, l’épée de Damoclès des dérivés , la mauvaise allocation du capital, les ETF et la gestion passive , la pourriture intrinsèque du crédit est ce que tout cela a ou non dépassé le point de non retour? Est ce que le fond est assez solide pour donner raison à Powell et lui permettre de persister dans cette position?
C’est son pari, nous, nous prenons le pari inverse.
En Prime :
December 21 – CNBC (Kate Rooney): “Federal Reserve Bank of New York President John Williams told CNBC on Friday the Fed is open to reconsidering its views on rate hikes next year. ‘We are listening, there are risks to that outlook that maybe the economy will slow further,’ Williams told Steve Liesman…
Merci Bruno pour cet article très clair.Bien sur qu’il est trop tard.Mais avec Trump ,ils ont encore certaines armes.
Lorsque on regarde le début de la politique de Trump c’est « on monte les taux mais on baisse les impots en creusant le déficit ».Il peut en remettre une couche,surtout que Powel a sans doute terminé la plus grande partie de la hausse.
Je persiste a croire que les US ne laisseront pas les marchés baisser trop ,parce que c’est le sang de leur économie.En nombre d’emplois et en moyens de subsistance individuels.
J’aimeJ’aime