Tirage au sort: le pouvoir du peuple doit être un contre pouvoir.

Ecoutons Rancière.

« Je ne vois pas très bien de quelle façon on peut justifier le fait que des gens qui n’ont pas de compétences pour participer au gouvernement des choses communes, en auraient, en revanche, pour choisir les bons gestionnaires des choses communes.

Cela me paraît la contradiction fondamentale.

Dans l’idée de tirage au sort, il y a cette idée très forte, qui remonte à Platon (qui n’était pas du tout un homme de gauche…) : le pire des gouvernements, c’est le gouvernement des gens qui veulent gouverner.

Mon idée fondamentale est que l’on ne voit pas pourquoi une représentation au sort serait pire qu’une représentation dans les conditions actuelles.

Déjà, la représentation au sort élimine les gens qui veulent gouverner.

Deuxièmement, elle élimine le clientélisme.

Troisièmement, elle élimine le développement des sentiments troubles qui sont liés au rapport électoral lui-même.

Évidemment, on peut toujours dire : « Je ne vois pas ma famille, mon concierge ou mon plombier diriger l’État. » On peut. Mais pourquoi voit-on particulièrement, pour cette tâche, des membres d’une école d’Administration ou des avocats d’affaire ? L’État doit-il être dirigé par des représentants d’intérêts particuliers bien déterminés ? Par des malades du pouvoir ? Car c’est bien la combinaison que l’on a actuellement : l’État est gouverné par des drogués du pouvoir et des représentants des intérêts financiers.

L’argument, c’est toujours : « Ils savent à quelle porte frapper, ils savent comment obtenir l’argent, ils savent se débrouiller avec les copains à Bruxelles. » D’accord. Mais si l’on veut autre chose, il faut, tout simplement, imaginer autre chose. Il n’y a pas de raisons de penser qu’une Chambre partiellement issue d’un tirage au sort, dans une logique de mandats courts et non renouvelables, serait pire qu’une Chambre représentant les drogués du pouvoir, les notables locaux et les représentations des intérêts financiers.

La question des institutions a été complètement délaissée par la gauche dite radicale.

Au nom du vieux principe marxiste selon lequel les apparences de la démocratie formelle cachent la réalité profonde de la domination économique, cette gauche a abandonné toute proposition sur les transformations de la vie publique.

Il est clair, par ailleurs, que ceux qui présentent le tirage au sort comme solution qui résoudrait à elle seule la question du pouvoir du peuple oublient que ce pouvoir est d’abord un contre-pouvoir produit par la dynamique effective de la lutte.

Il faut que ce contre-pouvoir existe pour que des formes nouvelles prennent sens et force. »

3 réflexions sur “Tirage au sort: le pouvoir du peuple doit être un contre pouvoir.

  1. Je ne vois pas très bien de quelle façon on peut justifier le fait que des gens qui n’ont pas de compétences pour participer au gouvernement des choses communes, en auraient, en revanche, pour choisir les bons gestionnaires des choses communes.
    en fait il s’agit de sanctionner les sortants qui ont mal fait le boulot: ils ne sont pas reelus. D’ailleurs faudrait interdire de pouvoir modifier la constitution lors d’un premier mandant,il ne faudrait pouvoir la modifier que lors d’un deuxieme mandat consecutif…

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  2. ,, Il y a quelque part encore des peuples et des troupeaux, mais ce n’est pas chez nous, mes frères : chez nous il y a des États.
    État ? Qu’est-ce, cela ? Allons ! Ouvrez les oreilles, je vais vous parler de la mort des peuples.
    L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. »
    C’est un mensonge ! Ils étaient des créateurs, ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie.
    Ce sont des destructeurs, ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent appétits.
    Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l’État et il le déteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois.
    L’État ment dans toutes ses langues du bien et du mal ; et, dans tout ce qu’il dit, il ment — et tout ce qu’il a, il l’a volé.
    Tout en lui est faux ; il mord avec des dents volées, le hargneux. Feintes sont même ses entrailles.

    Mes frères, voulez-vous donc étouffer dans l’exhalaison de leurs gueules et de leurs appétits ! Cassez plutôt les vitres et sautez dehors !

    Là où finit l’État, là seulement commence l’homme qui n’est pas superflu : là commence le chant de la nécessité, la mélodie unique, la nulle autre pareille. ,,
    Nietzsche . Ainsi parle Zaratustra

    C,est encore plus simple, A bas l, Etat !
    et tout deviendra plus humain.

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