La caverne moderne est ouverte, pas besoin de chaines ou de liens, on s’y enferme volontairement.

Les médias nous structurent, ils nous traversent, ils constituent notre être et c’est pour cela qu’ils- les dominants- veulent des êtres massifiés , dénués de toute détermination personnelle, historique, familiale.

Plus d’êtres authentiques c’est à dire d’êtres qui ne s’autorisent que d’eux même.

Un texte de Charles Hugh Smith: Le Goulag de l’esprit 

Traduction libre de BB

Confus et aveugle, nous nous dirigeons vers la falaise sans même la voir, en nous concentrant sur nos petits écrans de divertissement et d’absorption de soi.

Il n’y a pas de barrières physiques dans le goulag de l’esprit – nous nous emprisonnons et  nous aimons notre servitude .  En effet, nous craignons le monde en dehors de notre goulag intériorisé, car nous avons assimilé le récit selon lequel le goulag est sécurisé en  permanence.

Nous avons également compris que l’évasion serait punie.  La dissidence sera rapidement réprimée  et le dissident sera socialement et économiquement marginalisé.

Dans une pathologie particulièrement humaine, nous croyons maintenant le contraire de la réalité: 

-notre agresseur est notre sauveur,

-nous nous enrichissons alors qu’en réalité nous nous appauvrissons,

-le gouvernement nous sauvera toujours, même s’il est le problème, pas la solution,

-nous avons droit à toutes sortes de bonnes choses

– le système s’accroche à un semblant  de normalité de plus en plus difficile à maintenir.

Nous n’osons pas admettre  que les crises auxquelles nous sommes confrontés sont nouvelles et que penser en fonction  passé est pire qu’inutile , car  faire encore plus de tout ce qui a échoué  est sur le point de provoquer des conséquences réelles terribles . 

La situation nouvelle et apocalyptique qui se présente maintenant nécessite  des solutions radicales .  Le statu quo est une acceptation complaisante des choses telles qu’elles sont, sans une seule idée nouvelle.

Cette acceptation s’ accompagne d’un optimisme  excessif à l’égard du présent et de l’avenir. Même quand la fin était proche, et que soixante ans plus tard  que l’Empire s’effondrait rapidement, Rutilius continua à parler de l’esprit de Rome avec la même assurance suprême.

Cette adhésion aveugle aux idées du passé figure en bonne place parmi les principales causes de la chute de Rome.  

Le goulag de l’esprit est construit à la fois de fictions traditionnelles , à savoir que toutes les crises  peuvent être résolues en répétant ce qui a fonctionné au cours des 50 dernières années  et de nouvelles plus ou moins magiques. On croit que manifester  publiquement nos convictions vertueuses équivaut magiquement à résoudre réellement les problèmes.

Comme si nos problèmes n’étaient pas  des crises du monde réel qui nécessitent une force et des sacrifices immenses .

Le goulag de l’esprit repose  sur la technologie – ou plus précisément, sur la   conviction magique que la technologie nous sauvera toujours sans effort : une nouvelle forme de magie se manifestera au moment nécessaire et grace à elle nous ne changerons rien à notre mode de vie ou à nos structures de pouvoir corrompus.

Dans le goulag de l’esprit, une perversion de la justice engendre une véritable injustice:  il existe deux sortes de lois et deux niveaux d’application.

Les riches et les puissants échappent à la justice, tandis que les citoyens sont condamnés à des peines de prison très lourdes pour les infractions liées au goulag.  Les véhicules et les biens leur sont confisqués parce qu’ils sont trop pauvres pour payer les lourdes amendes et pénalités imposées par l’État.