Les institutions internationales ont peur. Un virage plus dirigiste s’amorce.

Le FMI et la Banque mondiale ont tourné casaque . Au moins au niveau de la rhétorique et des discours publics.

Il est fini le temps de l’austérité budgétaire, des limites aux ratios d’endettement. Les fameux 100% ont pulvérisé tous les seuils. Les rats sauteraient -t- ils du Titanic?

Plus personne, face à l’explosion des dettes souveraines, ne parle d’ exiger des gouvernements nationaux qu’ils réduisent le niveau de la dette publique.

Sauf les Allemands et le bloc des pays du Nord. Voir notre article sur ce sujet dans lequel je relève que Schauble siffle la fin de la récréation.

A mon avis ce n’est pas seulement la pandémie Covid qui est la cause de ce revirement, non je pense que c’est la prise de conscience d’une part de l’échec des politiques qui ont été suivies après 2008 et d’autre part, la prise de conscience de la fragilité de nos systèmes.

La pression des modèles chinois et des partisans de la MMT doivent me semblent-ils jouer le rôle d’aiguillon. Le système dit « libéral » recule prudemment sous la pression des crises financières et sanitaires et sous les attaques des nouveaux dirigistes, partisans d’un rôle renouvelé de la puissance publique.

Quand je dis fragilité je pense fragilité financière, fragilité politique et surtout fragilité sociale: les institutions internationales ont peur de ce qu’elles désignent sous le nom de populisme et qui n’est rien d ‘autre que la révolte des salariés.

Les institutions internationales ont peur de défaillances en chaine des pays en développement surendettés en dollars, ces défaillances mettraient à mal la stabilité des pays riches et surtout de leurs marchés financiers. Charité bien ordonnée commence par soi même.

Les institutions internationales ont peur . Leurs grands médias globalistes également.

Il est loin le temps ou le FMI s’attaquait à Piketty et à ses thèses et c’est à mon sens très significatif du virage qui s’amorce. Ce virage a été confirmé par Lagarde lorsqu’elle a, à plusieurs reprises réclamé une « croissance plus inclusive ». Les couvertures des magazines comme The Economist, toujours en pointe pour guider les institutions mondiales ont confirmé les nouvelles préoccupations.

Ce n’est pas un hasard si la nouvelle coqueluche de l’économie internationale et des médias globalistes est Mariana Mazzucato.

Mariana soutient le renouveau de l’action publique, les associations public/privé et la reconstruction d’un système plus dirigiste après la pandémie. Elle soutient l’orientation de Biden: «reconstruire en mieux après la pandémie, le président américain Joe Biden a certainement joué la bonne note » écrit-elle.  Mais pour réussir, continue-telle, il devra forger un nouveau contrat social, en s’inspirant des leçons d’une époque antérieure où l’État américain dirigeait un programme de travaux qui procura des dividendes économiques. Mariana Mazzucato appelle à reconstruire l’état par un retour aux marchés publics axés sur la mission et au leadership dans l’intérêt commun.

En renforçant les capacités du secteur public et en définissant un objectif clair pour les alliances public-privé, l’administration Biden pourrait à la fois générer de la croissance et aider à relever certains des plus grands défis de notre époque, des inégalités et des systèmes de santé faibles au réchauffement climatique.

Ici, des leçons peuvent être tirées de l’Europe. En France, le président Emmanuel Macron a veillé à ce que les fonds de récupération des compagnies aériennes et des constructeurs automobiles soient conditionnés par des engagements de réduction de leurs émissions de carbone. Et en Autriche et au Danemark , les entreprises recevant des fonds de recouvrement ont dû s’engager à ne pas recourir aux paradis fiscaux.

Nous avons besoin d’une direction descendante pour catalyser l’innovation et les investissements dans l’ensemble de l’économie. Et les exemples de leadership gouvernemental de l’ère Apollo, de contrats d’intérêt public audacieux et de dynamisme du secteur public offrent un modèle précieux. À moins que nous ne l’utilisions, reconstruire en mieux ne sera jamais plus qu’un slogan.

Maintenant, après l’expérience de la crise sans précédent de la pandémie COVID, l’ancien «consensus de Washington» est enterré. Il été remplacé par un nouveau «consensus» qui se complète peu à peu, pièce par pièce.

Beaucoup d’observateurs enterrent le fameux consensus de Washington.

Alors que le «Consensus de Washington» pour les politiques économiques internationales des années 1990 considérait les échecs gouvernementaux comme la raison des mauvaises performances de croissance et conseillait aux gouvernements de respecter les forces du marché, maintenant le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce demandent plus de dépenses fiscales, plus de fonds pour les prêts et des mesures pour réduire les inégalités entre les nations et au sein des nations grâce à des impôts plus élevés pour les riches.

Encore un effort et les ex de l’Ecole de Chicago réclameront la mise en place d’une politique des revenus. Et une euthanasie du Capital. C’est en route.

https://en.wikipedia.org/wiki/Washington_Consensus

Des «progressistes» comme Martin Sandu dans le Financial Times sont enthousiasmés par ce changement de cœur et de politique. «Dans les années 90, c’était un truisme que le consensus de Washington reflétait les priorités alignées de deux blocs: les institutions internationales basées là-bas et le gouvernement américain – ce dernier étant dans une large mesure à la tête du premier… mais il est difficile de faire valoir aujourd’hui que le FMI et la Banque mondiale ne sont que les perroquet des préférences américaines. »

https://www.ft.com/content/3d8d2270-1533-4c88-a6e3-cf14456b353b

Et de fait la rhétorique du FMI et de la Banque mondiale telle que posée par le chef du FMI Georgieva semble certainement différente. 

Tout au long de la réunion virtuelle de printemps du FMI-BM la semaine dernière, et sur les blogs du FMI, le message était que davantage de mesures de relance budgétaire étaient acceptables et nécessaires, et que l’augmentation de la dette publique était tolérable pendant la crise du COVID.

Cela semble être le contraire du message politique du FMI et de la BM après la Grande Récession de 2008-2009, lorsque ces agences internationales ont appelé à des budgets équilibrés et à une réduction des niveaux d’endettement. Par exemple, le FMI a soutenu les conditions draconiennes imposées à la Grèce lors de sa crise de la dette en 2012-15 qui ont conduit à une réduction de 40% du niveau de vie moyen dans ce pays.

Désormais, l’agenda politique de Georgieva pour le FMI semble différent. Agenda politique mondial  :

 «Les décideurs doivent prendre les bonnes mesures dès maintenant en donnant à chacun une chance équitable. Cela inclut une bonne chance d’accéder au vaccin, une bonne chance de soutien pendant la reprise et une juste vue de l’avenir en termes de participation et de profit des investissements publics dans les opportunités vertes, numériques, de santé et d’éducation. «Les fortunes économiques divergent dangereusement. Un petit nombre d’économies de marché avancées et émergentes, menées par les États-Unis et la Chine, prennent de l’avance – les pays les plus faibles et les plus pauvres prennent du retard dans cette reprise à plusieurs vitesses », a-t- elle déclaré.  «Nous sommes également confrontés à une incertitude extrêmement élevée, en particulier sur l’impact des nouvelles souches de virus et des changements potentiels dans les conditions financières. Et il y a le risque de nouvelles séquelles économiques dues aux pertes d’emplois, aux pertes d’apprentissage, aux faillites, à l’extrême pauvreté et à la faim. »

Quelle est la réponse maintenant? 

Le FMI propose davantage d’allégement de la dette, c’est-à-dire de reporter les remboursements des prêts existants consentis aux pays pauvres et de réduire les frais d’intérêt jusqu’en 2022. Lors de la réunion de printemps, il a également été annoncé que le financement du FMI reposait sur la liquidité des droits de tirage spéciaux (DTS) approuvé par la clé les États membres seraient augmentés de 650 milliards de dollars. Donc, une puissance de feu supplémentaire.

Mais le consensus politique FMI-BM a-t-il vraiment changé? 

L’engagement en faveur du libre marché et de la stabilité budgétaire en échange de prêts conditionnels à des pays désespérés a-t-il vraiment été abandonné? Le nouveau consensus, s’il existe vraiment, est une nécessité pratique et non à ce stade un changement d’idéologie. 

Tout comme les gouvernements des principales économies capitalistes ont été contraints d’ouvrir les robinets fiscaux et d’injecter d’énormes quantités de crédit dans l’économie pour éviter un effondrement total dans le marasme du COVID, le FMI-BM a compris la nécessité d’essayer d’éviter un désastre de la dette mondiale alors que les gouvernements des pays pauvres risquent de faire défaut sur leurs dettes envers les banques et autres institutions financières internationales.

EN PRIME

4 réflexions sur “Les institutions internationales ont peur. Un virage plus dirigiste s’amorce.

  1. A lire sur la réalité de la vaccination sur la grippe, alors imaginez le covid ;

    Nous avons la science», dit-il. «Mais personne n’est prêt à faire traverser la «vallée de la mort» à un vaccin candidat – passer des phases I et II à la phase III puis à l’homologation.» Osterholm attribue ce problème à un malentendu général concernant les vaccins actuellement disponibles, dont les mérites ont été, estime t-il, largement exagérés. «Ils sont loin d’être aussi efficaces que nous l’avons dit au grand public», dit-il, appuyant cette allégation par les conclusions d’une méta analyse que ses collègues et lui ont conduite l’an dernier.

    Utilisant des critères fortement restrictifs, Osterholm et trois autres chercheurs spécialisés dans le domaine de la grippe ont passé au crible plus de 5700 études qui portent sur l’efficacité des vaccins homologués aux États-Unis d’Amérique et ont été publiées depuis les années 1960. À partir de 31 études remplissant les conditions requises – uniquement celles dont le résultat final faisait état d’une grippe confirmée par laboratoire –, ils ont établi qu’en moyenne, le vaccin contre la grippe saisonnière était efficace à 59% chez les personnes de 18 à 65 ans – ce qui est très inférieur au pourcentage que l’on supposait être de 70 à 90% – et s’accompagnait, au mieux, d’une réduction de 4% de la mortalité chez les personnes âgées. En l’occurrence, «efficace» voulait dire capable d’empêcher l’apparition d’une grippe confirmée par laboratoire, quelle qu’en soit la gravité. Cette étude est parue dans Lancet Infectious Diseases.

    Si M. Osterholm reconnaît que les responsables de la santé publique sont face à une tâche ardue qui consiste à convaincre un public, déjà réticent, du bien-fondé de la vaccination, il dit qu’à la fin de la journée, la seule exigence est de «dire la vérité, juste la vérité. Nous n’avons pas été francs avec la population ni avec nos professionnels de santé sur l’efficacité réelle de ce vaccin.»
    https://who.int/bulletin/volumes/90/4/12-020412/fr/
    2:23 PM

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  2. Pour l instant l Europe se heurte a trois nouveaux problèmes avec la Chine.
    Le premier s est l augmentation des prix de tous les produits industriels d importation. Ce qui se traduit pas une forte augmentation des prix pour les clients européens pas encore affectes.
    Le deuxième c est la limitation des volumes disponibles ce qui fait et entretien l augmentation des prix. Et le troisième ce sont les conditions de paiement. Je vous parle de mon experience personnelle en tant qu’ importateur de fibre de verre dans le domaine des composites.
    Depuis la semaine derrière nos fournisseurs chinois nous imposent payement en avance a la commande. (avant de mettre en production nos ordres) Ce qui est un avantage indéniable par rapport aux autres acteurs qui eux sont payes a la livraison ou a terme.
    La Chine prepare elle quelque chose en plan monétaire, dont on est pas au courant !?!?

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    1. La Chine veut transformer le yuan en monnaie de réserve concurrente au dollar. Se faisant elle pratique actuellement une politique monétaire inverse de celle des US (qui devrait affaiblir le dollar ) ainsi que de tout l’occident.
      Un contrôle des changes pourrait effectivement être mis en place si l’écart se creuse en faveur du yuan , les capitaux chinois risquant de sortir pour s’investir dans des pays à monnaie faible.

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      1. Vous etes audacieux en enonçantce que la Chine veut au plan monétaire, meme Michael Pettis, le meilleur specialiste sur ces question ne parvient pas à le dechiffrer.

        Selon moi elle veut desserrer l’étau, l’emprise et le risque du dollar mais elle ne veut pas etre monnaie de reserve.

        De toutes façons elle se bat d’abord pour une reforme pluraliste et réequilibrée du FMI et c’est le plus important.

        La Chine n’a pas les outils ou l’infrastructure financière pour être monnaie de reserve à ce stade.

        Mon idée personnelle est que pour le moment il n’y a pas de strategie chinoise pour devenir monnaie de reserve mais simple tactique de riposte aux abus de la position dominante des USA au plan juridictionnel.

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