Les réticences qu’a longtemps manifestées Weidmann face au cap expansionniste pris par la BCE sous l’ancien président, Mario Draghi, se font encore sentir dans sa lettre de départ.
A l’avenir, il sera « crucial (…) de ne pas considérer seulement les risques de déflation, mais aussi de ne pas perdre de vue les risques d’inflation potentiels », qui suggèrent une politique monétaire plus restrictive, écrit-il dans son courrier.

L’annonce de son départ survient également au moment où l’Allemagne s’apprête à tourner la page Angela Merkel, à laquelle était liée la carrière de ce banquier central, qui a incarné l’obsession du pays pour la lutte contre l’inflation.
C’est un départ en pleine incertitude pour l’avenir de la politique monétaire européenne. L’influent président de la Bundesbank allemande, Jens Weidmann, figure de l’orthodoxie monétaire, a annoncé mercredi 20 octobre qu’il quitterait ses fonctions en fin d’année, après dix ans à la tête de l’institution.
« Je suis arrivé à la conclusion qu’après plus de dix ans, c’est le bon moment pour ouvrir un nouveau chapitre – pour la Bundesbank, mais aussi pour moi personnellement », écrit le président de la « Buba » dans une lettre aux salariés de l’institution.
Lors de son mandat à la Bundesbank, qui ne devait s’achever qu’en 2027, M. Weidmann n’a pu empêcher une perte d’influence de l’Allemagne sur la politique monétaire menée à l’échelle de la zone euro par la Banque centrale européenne (BCE).
L’annonce de son départ survient également au moment où l’Allemagne s’apprête à tourner la page Angela Merkel, à laquelle était liée la carrière de ce banquier central, qui a incarné l’obsession du pays pour la lutte contre l’inflation.Lire aussi Article réservé à nos abonnésLa Banque centrale européenne prête à laisser l’inflation dépasser 2 %
Resserrer la vis du crédit
Les réticences qu’a longtemps manifestées M. Weidmann face au cap expansionniste pris par la BCE sous l’ancien président, Mario Draghi, se font encore sentir dans sa lettre de départ. A l’avenir, il sera « crucial (…) de ne pas considérer seulement les risques de déflation, mais aussi de ne pas perdre de vue les risques d’inflation potentiels », qui suggèrent une politique monétaire plus restrictive, écrit-il dans son courrier.
M. Weidmann plaide déjà depuis plusieurs mois pour que la BCE songe à resserrer la vis du crédit après avoir déployé un arsenal de mesures exceptionnelles de soutien face à la crise due au coronavirus.Lire aussi Article réservé à nos abonnésEn zone euro, premiers signes de ralentissement de la croissance
Il s’inquiète aussi d’une poussée durable de l’inflation en zone euro que l’institution de Christine Lagarde juge pour l’instant temporaire. Il plaide dans son courrier pour que « la politique monétaire respecte son mandat étroit et ne se laisse pas entraîner par la politique budgétaire ou les marchés ».
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, « respecte » mais « regrette aussi énormément » le départ de M. Weidmann, a-t-elle déclaré dans un communiqué de l’institution. La Française loue notamment la « volonté de trouver un compromis » chez le banquier allemand, qui s’est dernièrement manifestée quand la BCE a débattu, puis adopté une nouvelle stratégie.Lire aussi Article réservé à nos abonnésLa crainte allemande d’un retour de l’inflation fragilise les avancées européennes
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, doit encore avaliser la demande de M. Weidmann d’être démis de ses fonctions. Son ou sa remplaçante sera désignée après accord au sein du gouvernement allemand.
Or, l’annonce surprise survient en pleines discussions entre les trois partis qui ont remporté les dernières élections législatives en Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD), les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP), en vue de former un nouveau gouvernement qui pourrait être plus flexible sur les questions de politique monétaire et budgétaire.
EN PRIME
Ce départ est un événement. Il faudra voir si Weidmann n’a pas voulu envoyer un message au peuple allemand en lui signifiant qu’il ne bénéficiait pas du soutient du gouvernement pour arrêter la folie des dovish dont Lagarde. Il part alors que les chiffres d’inflation tombés pour l’Allemagne ce matin sont très au dessus des attentes et à des niveaux jamais vu depuis des décennies ;
Prix à la production (IPP) Allemagne (Annuel) (Sept.) 14,2% Attendu 12,7% Précédent 12,0%
Prix à la production (IPP) Allemagne (Mensuel) (Sept.) 2,3% Attendu 1,0% Précédent 1,5%
J’aimeJ’aime