Editorial: Dow Jones 36 000, nous avons fait un pas de plus vers le gouffre

Cet article n’est pas financier, il vous concerne tous. Pourquoi? Parce que c’est vous qui serez fracassés quand l’heure viendra.

Hélas vos médias incompétents et aux ordres ne vous sensibilisent pas aux événements importants du monde, au contraire ils vous distraient, ils vous en détournent. Ils vous endorment, ils alimentent votre crédulité.

En matière monétaire et financière, ce n’est pas que les médias et leurs experts soient vendus aux puissants ou au institutions, non, c’est qu’ils sont incompétents.

J’en profite pour révéler ici une chose que je n’ai jamais dite.

La vraie raison pour laquelle j’ai vendu La Tribune, c’est celle là: je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de journaliste compétent pour faire le journal économique, financier, boursier international que j’avais projeté de faire. Les équipes que j’avais débauchées à prix d’or au Monde ou aux Echos étaient plus intéressées par la politique et le social que par la matière économique ou financière. Ce n’est pas pour les dénigrer, mais pour établir une vérité non-dite. Seuls les Anglo-saxons ont ces journalistes; nous, nous n’avons que des militants syndicaux gauchistes à courte vue sans connaissance organique des matières qu’ils sont censés exposer.

Revenons à nos moutons.

Tout au plus , les medias ont signalé les records boursiers mondiaux, mais ils sont passés complètement à coté des causes de ces records et surtout de l’implication que cela avait pour le futur et pour vous.

Je n’ai vu personne faire le rapprochement entre la décision de la Banque d’Angleterre de ne pas monter ses taux alors qu’elle avait prévu de le faire et la forte hausse des obligations, des fonds d’État, et des actions dans le monde. Personne!

L’imbécillité majeure a consisté à associer la decision de la Fed sur son Taper-Canada Dry au comportement haussier des Bourses. Ce qui a permis à vos journaux idiots de décréter que le Taper ne faisait plus peur, que l’opération était réussie.

Comme prévu, la Fed a annoncé mercredi les détails de sa stratégie qui commence essentiellement par une réduction ridicule et dérisoire de 15 milliards de dollars de ses achats. Elle adoptera une approche flexible. En même temps Powell et le FOMC ont affirmé qu’il est beaucoup trop tôt pour discuter d’une augmentation des taux à partir du zéro actuel.

C’était la grande semaine,très attendue, de la Fed. 

Et elle a été éclipsée par une nouvelle qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre. La BOE a renoncé à monter ses taux!  

Un hôte de Bloomberg a demandé à un invité pourquoi les rendements américains et les marchés mondiaux étaient plus touchés par l’annonce de la politique de la Banque d’Angleterre (BOE) de jeudi que par les baby steps, -les pas de bébé- de la Fed. Il n’a pas obtenu de réponse satisfaisante.

Les rendements britanniques à dix ans ont chuté de 19 pbs cette semaine à 0,85%, avec une baisse notable de 35 pbs en 12 séances par rapport aux plus hauts du 21 octobre. 

Les rendements australiens ont chuté de 28 pbs cette semaine à 1,81%. 

Les taux allemands ont baissé de 17 pbs (négatif de 0,28%), les taux français de 21 pbs (0,06 %), les espagnols de 21 pbs et les portugais de 21 pbs ( Les taux italiens ont baissé de 29 pbs (et les taux grecs de 24 pbs (1,07%). L

es rendements des bons du Trésor US à dix ans ont chuté de 10 pbs cette semaine à 1,46%, avec une baisse de 18 pbs sur deux semaines. Les rendements des bons du Trésor à deux et cinq ans ont baissé de 10 pbs (0,40 %) et de 13 pbs (1,06 %).

L’annonce de la BOE a litteralement effondré les taux mondiaux sur les marchés. Et nos soi disants commentateurs de croire que cela avait un rapport avec la Fed!

Les petites capitalisation du Russell 2000 ont bondi de 6,1% cette semaine, les Semiconductors (SOX) en hausse de 8,8%. L’indice Goldman Sachs Most Short a bondi de 11,7%. 

Le Dow a dépassé les 36 000 .

Ce fut une semaine énorme pour les Bourses et pour les principales banques centrales mondiales. 

Suite à la Banque de réunion Angleterre jeudi, Bloomberg nous a livré ce itre.“BOE Shocks Markets by Keeping Rates on Hold.” Recent hawkish comments from BOE officials had markets anticipating an imminent shift in rate policy.

Traduction. la Banque d’Angleterre choque les marchés en maintenant inchangés ses taux; les commentaires récents du style « faucon » avaient pourtant conduit les marchés à se préparer à un changement imminent dans la politique monétaire.

Je considère cette décision de la BOE de renoncer à changer sa politique monétaire comme la confirmation totale de la position que je défends depuis 2009.

Et je suis persuadé que certains observateurs de haut niveau ont tiré la même conclusion.

Le retour en arrière est impossible, nous sommes dans l’Hotel California, les autorités monétaires ont brulé leurs vaisseaux: On peut choisir une politique de fuite en avant monétaire mais on ne peut , par la suite, revenir en arrière, même si les conditions ont changé et le justifient.

On peut essayer, on peut faire croire que l’on va essayer, on peut faire semblant d’essayer, mais on ne peut concrétiser.

La Banque d’Angleterre a cédé, malgré les risques d’înflation qu’elle avait reconnus elle même , elle n’a pas osé durcir sa politique monétaire.

Je dis souvent que la BOE est la véritable leader historique des banques centrales mondiales c’est elle qui exerce la tutelle intellectuelle, globale, pas la Fed . Cela vient encore d’être démontré.

Cette semaine, le cerveau , la BOE, le maitre à penser des banques centrales mondiales a signalé un front unifié des banques centrales pour repousser les attentes des marché pour une hausse des taux et une hausse des rendements sur les marchés.

4 novembre – Financial Times :

« Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, avait un défi herculéen à affronter jeudi lors de la présentation des nouvelles prévisions d’inflation de la banque centrale , il devait concilier cela avec sa décision de ne pas augmenter immédiatement les taux d’intérêt. . 

Bailey, qui avait alimenté les attentes d’une hausse des taux le mois dernier en affirmant que la BoE « devra agir » pour lutter contre la flambée de l’inflation, a essayé de faire accepter trois messages contradictoires.

 Premièrement, que le Comité de politique monétaire de la BoE est beaucoup plus préoccupé par l’inflation qu’auparavant

deuxièmement que les taux d’intérêt vont réellement augmenter « au cours des prochains mois mais qu’il était bon d’attendre et de voir avant d’agir car les perspectives de croissance économique s’étaient assombries et le tableau d’ensemble était terriblement incertain. 

troisièmement, que les gens devaient continuer à tenir compte de ses paroles même s’il a reconnu que ses commentaires le mois dernier sur la maîtrise de l’inflation étaient des «truismes» et donc vides de sens. »

Ces paroles sont bien entendu également vides de sens, ce sont des rationalisations et justifications dont le seul but est de cacher la vérité, les banques centrales sont dans la seringue, elles sont dans les cordes.

Il est difficile de ne pas voir dans les développements de cette semaine une confirmation importante de la stratégie concertée des principales banques centrales mondiales. Elles sont dans le pétrin ensemble ; elles s’y sont mises ensemble; et sont maintenant piégées ensemble. 

En tant que groupe, elles sont obligées de rejeter les risques inflationnistes rapidement croissants, et de choisir de rester enfermées, paralysées dans des politiques monétaires ultra-stimulantes. 

En tant que groupe, elles sont obligées d’ ignorer la folie des marchés boursiers, les marchés hyper-bullaires et les déséquilibres financiers ultra fragiles: elles ne peuvent plus faire leur métier et contrôler l’inflation, car elles doivent coûte que coûte, ironie de la situation, maintenir les béquilles et les échafaudages.

l n’est pas difficile de discerner pourquoi elles adoptent une telle approche..les fragilités mondiales sont devenues aiguës. La bulle chinoise vacille, la contagion se propageant aux principaux marchés émergents. Et la semaine dernière, nous avons observé une instabilité aiguë sur les marchés obligataires développés, notamment le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et même sur les bons du Trésor américain. 

Ils sont pétrifiés d’éclater, de crever les Bulles.

Marche ou crève.

EN PRIME

Christine Lagarde a « récidivé « . Dans un discours elle a affirmé qu’il était « très peu probable » que la BCE relève ses taux l’année prochaine – une hausse de 2022 étant « hors des charts .  » « Malgré la poussée inflationniste actuelle, les perspectives d’inflation à moyen terme restent modérées, et il est donc très peu probable que les conditions pour monter les taux soient remplies l’année prochaine. » 

La qualifiant de « Madame Inflation »,  le tabloïd allemand , Bild, a critiqué de manière cinglante la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde…, l’accusant « de détruire les revenus et l’épargne des gens ordinaires… » (de Reuters). Pas étonnant que lâchement Jens Weidmann ait jeté l’éponge.

Mardi, la Banque de réserve d’Australie (RBA) a également minimisé le risque d’inflation, mettant de côté les mesures de contrôle de la courbe des taux, mais s’en tenant à son programme mensuel d’assouplissement quantitatif. Le gouverneur Philip Lowe a affirmé : « . Les données les plus récentes et les prévisions ne justifient pas une augmentation du taux de l’ argent en 2022. Le Conseil est prêt à être patient »

En PRIME

Le Dow a dépassé les 36 000 .

Romaine Bostick de Bloomberg Television (1er novembre 2021) interrogeait GLASSMAN .

James A. Glassman, co-auteur du livre à succès en 1999« Dow 36 000… avec Kevin Hassett » : «Eh bien, certainement je n’aurais pas pu prédire des taux d’intérêt nuls… Mon sentiment, est qu’il faut faire attention à la politique de la Fed. Mais si vous regardez l’ensemble de l’histoire américaine, le fait est que l’économie américaine s’est toujours bien comportée – maintes et maintes fois. 

Et nous faisons des erreurs de politique tout le temps. 

Mais les marchés réagissent, les entreprises réagissent et nous nous débrouillons très bien. Et, essentiellement, un investissement en actions est un pari sur l’économie américaine et cela s’est avéré être un très bon pari – peu importe qui est en charge – que ce soit les démocrates ou les républicains. 

Je déteste dire, en tant que personne qui a consacré sa vie à des questions politiques, que cette politique n’a pas d’importance. Et je pense que oui. Mais il y a toujours un certain équilibre auquel on revient. 

Et pour les investisseurs – les investisseurs à long terme si vous pensez à la retraite – vous soucier de la politique de la Fed aujourd’hui ou demain – ou de ce que le Congrès va faire en adoptant tel ou tel projet de loi – je pense que c’est une erreur. 

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6 réflexions sur “Editorial: Dow Jones 36 000, nous avons fait un pas de plus vers le gouffre

  1. Bonjour,
    Puisque ce n’est pas un article financier ou économique, je me permets de poser la question suivante:
    regrettez-vous que nous ne jouions pas aussi bien au jeu que les anglo-saxons ont inventé et dans lequel nous avons été conduits à jouer, de gré ou de force? Il me semble que le système est vicié dès le départ. La nullité des journalistes français n’est-elle pas plutôt le signal d’un inconscient tourmenté, gêné par ce jeu?
    (je ne nie pas leur nullité en soi, je conteste plutôt le sens de cette nullité, ce qui ne change pas grand chose au résultat effectif, je vous l’accorde! Mais bon…)

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    1. Le réel , il est ce qu’il est : il est gouverné non parles hommes et leurs prétentions mais par ses determinations internes, par le jeu dialectique des forces internes et externes et même les discours a la con comme ceux de Macron, Trump ou Biden sont produits par le système.

      Ces pervers narcissiques ne font que se mettre en avant alors qu’ils ne font que réaménager les sièges sur le pont du Titanic.

      Le CO2, le Pétrole, les virus etc ont plus de pouvoirs que ces zozos .

      Le volontarisme est une escroquerie, le mode de « production » /accumulation anglo-saxon est meilleur producteur de richesses pour les riches et ce mode de production est dans le sens de l’histoire c’est à dire qu’il est une étape vers le dépérissement du capitalisme tel que nous l’avons connu et théorisé: la financiarisation qui convient si bien aux ultra riches est une marche accélérée vers la socialisation.

      Le capitalisme est un moment de l’histoire et de meme pour la démocratie, comme ce fut le cas pour l’ordre féodal.

      Cela n’empêche pas que nous devons faire ce que nous avons a faire: lutter pour incarner les forces de l’histoire.

      « A man has got to do what a man has got to do » disait le grand philosophe John Wayne.

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      1. Je vous remercie de votre éclairante réponse.
        Tout sabotage est bon, au bout du compte, même s’il est involontaire! Mais à quel prix humain?

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  2. Je dis souvent que la BOE est la véritable leader historique des banques centrales mondiales c’est elle qui exerce la tutelle intellectuelle, globale, pas la Fed . Cela vient encore d’être démontré.
    J’ai toujours pensé que la BOE était le cerveau des banques centrales et particulièrement qu’elle dominait la FED. 2 exemples symboliques vont dans ce sens:
    -Les J.O de 2012, que j’avais nommé les J.O de la CITY, annonçaient le programme mondialiste d’une monnaie supra-nationale digitale avec le Phoenix.
    -The Economist, journal économique anglais fait le pivot en annonçant le « programme » en particulier dans son Hors Série de début d’année.
    -La City est un état dans l’état comme le Vatican l’est au sein de l’état italien… Aux uns le contrôle des politiques monétaires et de la finance internationale (entre autre).
    – La présence, comme une piqûre de rappel, sur la page de couverture du H.S « the economist » de janvier 2019 du bull-dog anglais avec le drapeau de l’Union Jack situé géographiquement non pas sur l’Angleterre mais sur les USA (Une manière de rappeler que l’empire britannique est encore présent et actif aux USA malgré la guerre d’indépendance?). Il se sont, par contraste, réservés les 4 cavaliers de l’Apocalypse postés sur leurs terres… Ce qui interroge sur l’avenir qu’ils anticiperaient ou du moins qu’il espéreraient (?).

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    1. Peut être que la BOE a ce leadership et après ? C’est quand même la FED qui a mis tout le monde dans la seringue. C’est Bernanke qui a théorisé les QE quand il était professeur et s’est empressé de les mettre en place lorsque une crise fut venue. Nous sommes dans un chemin sans retour et la BOE vient juste de montrer qu’elle en avait pleinement conscience et y était pleinement contrainte. Il y aura d’autres épisodes, on remontera les taux pendant 3 ou 6 mois et puis on reviendra vitre en arrière à la moindre baisse des marchés.

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  3. Messieurs les anglais tirez les premiers… Euh non surtout ne tirez pas les premiers, que personne ne bouge. Le revirement de la BOE est spectaculaire et je pense par expérience que quand il y a revirement de dernière minute ce n’est pas la conséquence d’un changement d’analyse mais d’une pression. LA BOE a peut être encore un leadership intellectuel mais à quoi sert-il quand on est dans la seringue ?

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