La semaine dernière, j’avais promis de faire une analyse de la situation monétaire dans la zone Euro, qui semble rentrer dans une nouvelle crise.
Pour tenir ma promesse, je vais commencer par un graphique qui représente les écarts de taux sur le 10 ans entre l’Italie et l’Allemagne.
Charles Gave Institut des Libertés
La règle de décision est simple : Si la ligne noire (écart des taux) passe au-dessus de la ligne bleue (moyenne mobile a 12 mois de cet écart des taux), cela veut dire que nous sommes à nouveau en train de rentrer dans une crise financière dans la zone Euro et que nous y resterons tant que les « spreads » ne se détendent pas à nouveau en repassant sous la moyenne mobile.
Tant que nous sommes au-dessus de la moyenne mobile, il est nécessaire de rester extrêmement prudent sur les actions européennes ainsi que sur les obligations des pays autres que celles de l’Allemagne dans la zone Euro.
Pour rafraichir la mémoire des lecteurs j’ai mis sur le graphique les quatre grandes crises qui ont touché les économies européennes depuis 2006.
Nous venons-peut-être- de commencer la cinquième mais celle-ci est très différente.
Chacune des crises précédentes trouvait son origine en Italie, en Grèce, en Espagne, en France, ce qui n’avait pas beaucoup d’importance puisque les Allemands étaient tout à fait prêts à se battre jusqu’au dernier Italien, Grec ou Français. Et ruiner les économies des principaux concurrents de l’Allemagne n’a jamais beaucoup gêné les autorités outre Rhin.
Mais la crise cette fois ci, touche le cœur du système, l’Allemagne, et il va falloir se battre jusqu’au dernier Allemand, et ce faisant peut-être, achever de tuer les pauvres économies françaises, Italiennes ou Espagnoles (pour la Grèce, c’est fait depuis longtemps). Car cette fois ci la crise est en Allemagne, et il s’agit non pas d’une crise de solvabilité, mais d’une crise inflationniste comme en fait foi mon deuxième graphique.
Bien entendu, cette crise inflationniste trouve sa source dans les impressions monétaires débridées qui ont eu lieu dans la zone Euro depuis 2012 et le fameux « whatever it takes » du non- moins fameux monsieur Draghi, qui sévit maintenant comme premier ministre Italien.
Et cette crise, pour l’Allemagne, est double.
- L’inflation en Allemagne est aux alentours de 5 % par an, ce qui ne s’était pas vu depuis la réunification allemande et la conversion de l’Ost Mark en Deutch Mark, mais les taux courts allemands étaient à l’époque à 9. 3 %, ce qui avait entrainé la sortie de la livre sterling, de la Lire Italienne et de la Couronne Suédoise du système monétaire Européen (SME). Et chacun sait que pour le public allemand et ce qui reste de la Bundesbank, une inflation au-dessus de 2 %, c’est complètement « verboten ». Aujourd’hui, les taux courts et les taux longs sont à zéro, la Bundesbank ayant perdu tout pouvoir, ce qui amène au deuxième problème (voir le graphique du bas).
- Les taux réels sur le 10 ans allemands sont à -4.92 %, ce qui veut dire que les fonds de pension allemands, massivement investis en « Bunds » (le nom des obligations d’état allemand), vont tous devoir réduire massivement les retraites en Allemagne (voir mes papiers récents sur le sujet), incapables qu’ils seront de servir des retraites à partir de taux réels négatifs. Tant que les taux nominaux sur le 10 ans allemand restent à zéro, le niveau de vie des retraités allemands va continuer à s’écrouler (vendez votre maison au Baléares…). Et sans doute conscient de cette réalité, le gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui ne veut pas être le lampiste que l’on rendra responsable de ce désastre, vient de donner sa démission au 31 Décembre 2021.
Il n’y a donc que trois possibilités en face de nous
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