Depuis le 4 septembre, date du début de l’opération ukrainienne au nord d’Izium, le ministère russe de la Défense n’avait rien dit à ce sujet.
Aujourd’hui, il a finalement publié une déclaration que je vous ai passé par ailleurs, la voici en traduction automatique:
Déclaration du représentant officiel du ministère russe de la Défense
Afin d’atteindre les objectifs déclarés de l’opération militaire spéciale de libération du Donbass, il a été décidé de regrouper les troupes russes stationnées dans les régions de Balakleya et d’Izyum pour intensifier les efforts en direction de Donetsk.
À cette fin, dans les trois jours, une opération a été menée pour limiter et organiser le transfert du groupe de troupes Izyum-Balakley sur le territoire de la République populaire de Donetsk.
Au cours de cette opération, un certain nombre d’activités de distraction et de démonstration ont été menées en même temps que les actions réelles des troupes.
Afin d’éviter d’endommager les troupes russes, une puissante défaite par le feu a été infligée à l’ennemi en utilisant l’aviation, les troupes de missiles et l’artillerie.
En trois jours, plus de deux mille combattants ukrainiens et étrangers ont été détruits, ainsi que plus d’une centaine d’unités de véhicules blindés et d’artillerie.
(Département de l’information et des communications de masse du ministère de la Défense de la Fédération de Russie)
Cela a-t-il été le plan depuis le début? Peut-on considérer cela comme un plan?
. L’armée russe savait de toute évidence que l’attaque ukrainienne arrivait. Tous les observateurs s’accordent à le reconnaitre. Il n’y avait sur cette partie du front qu’une faible résistance contre l’attaque ukrainienne. Les principales unités russes avaient déjà été déplacées hors de la zone. La région ne représentait aucune priorité dans les objectifs russes. Accepter le combat aurait coûté la vie à de nombreux soldats et civils russes.
Si on accepte cette interprétation, il n’y a aucun véritable désastre; simplement une décision pénible certes et négative au plan de la communication, mais raisonnable.
Question: pour quoi intensifier les opérations sur le territoire de la République Populaire du Donbass? Si ce n’est pas un véritable repli pourquoi un transfert? Si il y a tromperie ou ruse des russes, quelle pourrait bien être la tromperie? Faire sortir la masse des troupes ukrainiennes des villes?
Il me semble sage de suspendre son jugement bien que je penche quand même pour une erreur du commandement russe. L’avenir nous éclairera.
« b » de MoA voit une analogie avec ce qui s’est passé en 1942 et il pense que les chefs russes n’ont pas voulu que l’histoire se répète.
Lisons le.
Eh bien, c’est du moins ce que dit l’armée russe. Cela correspond également aux faits connus.
Il peut y avoir une autre raison pour laquelle l’armée russe n’a pas voulu se battre pour Izium. En mai 1942, lors de la deuxième bataille de Kharkov , une contre-attaque soviétique contre Kharkov tenue par les nazis a été vaincue par deux attaques nazies planifiées au sud et au nord d’Izium.
plus gros
Les noms sur la carte sembleront familiers à ceux qui ont suivi la bataille en cours ces derniers jours.
La contre-attaque soviétique s’est soldée par une défaite sanglante :
Le 17 mai, le 3e Panzer Corps allemand et le XXXXIV Army Corps sous le commandement de Fedor von Bock, soutenus par des avions, arrivent, permettant aux Allemands de lancer l’opération Fridericus, repoussant la tête de pont soviétique de Barvenkovo vers le sud. Le 18 mai, [le maréchal
Semyon] Timoshenkoa demandé la permission de se replier, mais Staline a rejeté la demande. Le 19 mai, Paulus lança une offensive générale vers le nord alors que les troupes de Bock avançaient vers le sud, tentant ainsi d’encercler les Soviétiques dans le saillant d’Izium. Réalisant le risque d’avoir des armées entières encerclées, Staline a autorisé le retrait, mais à ce moment-là, les forces soviétiques avaient déjà commencé à être fermées. Le 20 mai, les forces soviétiques presque encerclées ont lancé des contre-offensives, mais aucune des tentatives n’a réussi à briser à travers les lignes allemandes. Les Soviétiques ont remporté quelques petites victoires les 21 et 22 mai, mais le 24 mai, ils étaient encerclés près de Kharkov….La deuxième bataille de Kharkov a entraîné une perte extrêmement coûteuse pour les Soviétiques, qui ont vu 207 000 hommes tués, blessés ou capturés; certaines estimations évaluent le nombre à 240 000. Plus de 1 000 chars soviétiques ont été détruits au cours de cette bataille, ainsi que la perte de 57 000 chevaux. Les pertes allemandes étaient bien inférieures à celles des Soviétiques, avec plus de 20 000 tués, blessés ou capturés.
Le général soviétique Gueorgui Joukov a par la suite imputé cette défaite majeure à Staline, qui a sous-estimé la force allemande dans la région et n’a pas réussi à préparer une force de réserve adéquate pour contrer l’arrivée du renfort allemand qui a inversé la tendance.
Le fil Telegram pro-russe « Actualités mondiales & françaises » indiquait depuis la fin août que les Ukrainiens se renforçaient dans la région entre Kharkov et Izium. En toute bonne logique les Russes (Etat-Major et politiques) savaient. Ce sera la future tache des historiens militaires d’analyser comment cette information fût prise en compte par les Russes.
A propos d’historien, Jean Lopez dans « Kharkov 1942 » indique que la victoire du duo von Paulus/von Bock est rendue possible par la nette supériorité de la Luftwaffe au printemps 1942. Nette supériorité aérienne qu’ont aussi les Russes en 2022. De loin, les Russes semblent soit avoir été surpris soit avoir refusé le combat.
« Afin d’atteindre les objectifs déclarés de l’opération militaire spéciale de libération du Donbass, il a été décidé de regrouper les troupes russes stationnées dans les régions de Balakleya et d’Izyum pour intensifier les efforts en direction de Donetsk. »
Cette justification de la part des Russes prête à question. Dans une interview Lavrov indiquait que la Russie augmentait ses objectifs afin de protéger son territoire d’armes à longue porté livrées par l’Otan. Lavov est logique dans sa déclaration, mais sur le terrain nous voyons le contraire….. Poutine a déclaré lors d’un forum que nous n’avions encore rien vu. Effectivement sur le terrain, nous n’avons rien vu.
Les troupes retirées du secteur d’Izium servent à renforcer le Donbass (notez que c’était la même justification fin mars pour retirer les troupes du secteur de Kiev). Donc le 1er mouvement n’a pas été suffisant. Vue de loin, ce qui se déroule dans la Donbass questionne aussi. On nous annonce que les Russes tirent 50 000 tonnes de projectiles par jour. Donc depuis le début, on se rapproche de la somme de 10 millions de tonnes ! Et malgré cela les progrès sont lents….. Comparaison n’est certes par raison, mais l’une des fortifications modernes qui tint le plus longtemps fût la « Feste Kronprinz » (« Fort Driant » pour les Français à Ars-sur-Moselle), de septembre à décembre 1944, soit environ 100 jours. L’armée Patton utilisa aussi des B17 pour affaiblir le fort. C’est finalement à court de vivres, d’eau et de munitions que les élève-officiers fanatisés se rendent le 11/12/1944. Dans le Donbass, les 100 jours sont passés ….
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je m’abstiens de juger car il y a une différence que je connais bien entre conseiller et décider.
je peux supposer un mauvais choix tactique du commandement russe, mais je ne peux en analyser les raisons.
Personne ne peut le faire, personne .
il y a des antagonismes dans toute situation, il y a des contradictions. ce qui se passe réellement est le fruit , la résultante de forces complexes, de sens contraires. et ces forces ,nous n’en avons pas connaissance suffisante.
Ainsi par exemple il y a un antagonisme – avec des priorités différentes- entre les besoins et objectifs des milices du Donbass et l’état major russe,
Nous n’avons pas les moyens de le décortiquer.
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