Editorial. Craquements financiers. Le pari qui a été fait par les autorités mondiales est un pari satanique.

Un craquement sinistre a retenti la semaine dernière.

10 mars – Bloomberg :

« L’administration Biden a réagi vendredi à la plus grande faillite d’un prêteur américain en plus d’une décennie, offrant son assurance que le système financier américain résisterait aux retombées de l’effondrement de la Silicon Valley Banque et que les régulateurs suivaient de près l’évolution de la situation. 

La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a déclaré qu’elle avait « pleine confiance dans les régulateurs bancaires pour prendre les mesures appropriées en réponse », ajoutant que les régulateurs « disposent d’outils efficaces » pour faire face à la situation. 

Yellen a convoqué une réunion vendredi avec des dirigeants de la Réserve fédérale, de la Federal Deposit Insurance Corp. et du Bureau du contrôleur de la monnaie pour discuter des développements autour de SVB… »

6 mars – Bloomberg :

« Les banques américaines sont obligées de faire quelque chose qu’elles n’ont pas fait depuis 15 ans : se battre pour les dépôts. Après des années à ne gagner presque rien, les déposants découvrent une multitude d’options à rendement plus élevé comme les bons du Trésor et les fonds du marché monétaire alors que la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt de référence. Le changement a été si prononcé que les dépôts des banques commerciales ont chuté l’année dernière pour la première fois depuis 1948, les retraits nets ayant atteint 278 milliards de dollars... »

10 mars – Bloomberg !

« Les fondateurs de startups commencent à s’inquiéter de savoir s’ils pourront continuer à payer leurs employés après la faillite de Silicon Valley Bank. Vendredi, le fournisseur de services de paie Rippling a informé ses clients que certains traitements de la paie étaient au point mort parce que SVB avait aidé à traiter ses paiements. L’entreprise, une startup elle-même, est passée à JPMorgan Chase, mais pas assez tôt : les chèques de paie étaient déjà « en route » avec SVB et n’ont pas encore été payés – et l’entreprise essaie toujours de comprendre ce que signifiera l’effondrement de la banque vendredi. pour eux…

Le fondateur de la startup, Brad Hargreaves, a déclaré que certaines entreprises pourraient ne pas être en mesure de faire la paie la semaine prochaine. Et parce que les conseils d’administration sont incroyablement sensibles à l’embauche de travailleurs qu’ils ne peuvent pas payer, il a déclaré: « Attendez-vous à des licenciements massifs plus tard dans la journée, Lundi au plus tard…’ Plus de la moitié des entreprises technologiques ‘gardent leur trésorerie chez SVB’.

10 mars – Bloomberg :

« Les effets d’entraînement de l’une des plus grandes banques américaines depuis plus d’une décennie touchent une grande variété d’entreprises, alors que les entreprises, des startups aux propriétaires de vignobles, sonnent l’alarme. La Silicon Valley Bank, autrefois chouchou du système financier californien, a chuté rapidement vendredi, un jour après que les investisseurs et les déposants ont tenté de retirer 42 milliards de dollars. Roku Inc., LendingClub Corp. et Eiger BioPharmaceuticals Inc. faisaient partie des dizaines d’entreprises qui ont révélé avoir des dépôts bloqués à la banque. Les fonds bloqués montrent que les problèmes de SVB se propagent dans tout l’écosystème de la Silicon Valley et présentent un risque pour l’économie dans son ensemble.

6 mars – Wall Street Journal :

«Pour de nombreuses startups de véhicules électriques, l’année dernière a été marquée par des contraintes de chaîne d’approvisionnement et des problèmes de fabrication qui ont entravé leurs efforts pour démarrer rapidement. Aujourd’hui, de jeunes entreprises telles que Rivian Automotive Inc. et Lucid Group Inc. sont confrontées à un défi plus pressant cette année : elles doivent redresser leurs opérations d’usine avant d’épuiser leurs réserves de trésorerie. Les résultats des bénéfices au cours des dernières semaines pour ces fabricants de véhicules électriques ont illustré l’urgence de leur situation difficile. Alors que ces entreprises produisent maintenant des véhicules, les pertes continuent d’augmenter car elles ont du mal à accélérer les chaînes de montage et à augmenter les ventes comme prévu, réduisant leurs coussins financiers et augmentant la probabilité de devoir lever plus d’argent.

Nous voici donc devant le nième accident financier et bancaire depuis la Grande Dérégulation des années 80.

L’argent facile a coulé pendant des décennies, tout le monde s’est habitué à la facilité et au laxisme, il y a eu de l’argent pour tout et pour tout le monde. Les règles de base de la gestion financière orthodoxe n’ont pas été respectées; le capital propre est insuffisant, les dettes sont excessives et surtout l’allocation des ressources a été délirante: le gaspillage a fait concurrence aux malversations.

Tout cela est logique.

C’était prévu, prévisible, cela n’a rien avoir avec le hasard, c’est du domaine de la Necessité.

Pas de cygne noir , non tout ce qui est en germe doit obligatoirement arriver, c’est la Grande Loi. On n’échappe ni à la gravitation ni à la Loi de la Valeur; un jour le tas de sable de Per Bak atteint un état critique, une fenêtre d ‘instabilité s’ouvre et sans que l’on puisse prévoir exactement quand, c’est l’effondrement.

Deux et deux font et feront toujours quatre. La monnaie, le crédit ne permetent pas d’échapper aux lois de l’économie, aux lois de la rareté, tout au plus ils permettent de tricher, de différer et de faire payer aux uns les erreurs des autres. L’imaginaire peut faire buller, on peut rajouter des zeros dans les livres de comptes, rien n’y fait , un jour le bluff est découvert.

La bicyclette du crédit ne peut souffrir aucun ralentissement, si elle freine , elle chute.

Comme d’habitude , les gagnants ne seront pas les perdants.

Car c ‘est bien de cela qu’il s’agit: faire payer aux uns les erreurs et la cupidité des autres. C’est ce que Yellen, a tout de suite déclaré!

La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a déclaré qu’elle avait « pleine confiance dans les régulateurs bancaires pour prendre les mesures appropriées en réponse », ajoutant que les régulateurs « disposent d’outils efficaces » pour faire face à la situation. 

En clair ce sera le nième sauvetage, la nième socialisation des pertes. ils se sont tous enrichis pour ne pas dire goinfrés, ils ont eu les dents longues, un énorme appétit pour le gain avec l’argent des autres, l’argent de la société civile et maintenant avec la bénédiction des pouvoirs dits publics, ils vont être sauvés.

Ils vont être sauvés car le système ne peut supporter les sinistres, c’est du chantage, le capital fictif dit a chaque fois: sauvez nous sinon nous vous entrainons dans les abysses.

C’est le capitalisme moderne, pourri, celui qui est asymétrique car protegé par les politiciens, les lois, les banques centrales, les intllectuels et les médias.

Jamais de sanction, jamais de punition, c’est le règne du Tiers Payant, le tiers payant étant le contribuable, le citoyen, le malheureux détenteur de monnaie, d’une monnaie qu’il croyait saine et juste.

Le pari qui a été fait par les autorités mondiales depuis 50 ans est un pari satanique.

Je m’explique.

Pour faire face à la crise du système et aux diverses crises qui l’ont secoué depuis le début de la financiarisation, les autorités ont toujours utilisé le même remède, ou plus exactement le même palliatif: elles ont baissé les taux d’intéret, favorisé la production de crédit, émis de plus en plus de monnaie , inflaté la taille de leurs bilans, acheté des titres longs, et fourni diverses assurances . C’est ce que l’on appelle la politique monétaire non conventionnelle.

Elles ont non seulement abaissé le coût de l’argent mais elles en ont fourni en toute quantité et elles ont promis que, dans tous les cas, cela continuerait. Elles ont instauré le fameux « Put ». Toujours, quand la liquidité s’est retirée, les autorités ont lutté contre le resserrement des conditions monétaires.

Elles ont ainsi obtenu le résulat souhaité, à savoir la prolongation du cycle long du crédit qui avait pris naissance après la seconde guerre mondiale.

Retenez bien la séquence , c’est fondamental et c’est le noeud du pari:

le système risque de seffondrer et pour l’empêcher de s’effondrer vous lui fournissez des béquilles.

Pour lutter contre le risque de crise vous menez une politque monétaire très accommodante pendant très longtemps.

Vient l’inflation des prix des biens et des services avec risque de spirale salariale.

Elle interdit de continuer cette politique et elle oblige à monter les taux d’intérêt et à reduire l’accomodement monétaire.

L’inflation est là, vous paniquez.Vous réduisez l’accommodement.

Cela fracasse l’échafaudage construit depuis des decennies puisqu’il est bati sur les fondations du crédit quasi gratuit et surabondant, couplé aux promesses de liquidités sans limites.

Si à l’aller, la politique monétaire très accommodante permet de masquer la crise , ne doit-on pas s’attendre à ce que, au retour la suppression de cette politique accommodante provoque le réapparition de la crise contre laquelle on a prétendu lutter?

Si bien sur car il y a un lien organique, incontournable entre la politique monétaire et la crise .

Et ce lien fonctionne dans les deux sens bien sur, il est reversible. Le laxisme monétaire fait monter le niveau de la mer, tout flotte et lévite, l’austérité monétaire fait baisser le niveau de la mer et tout progressivement ou brutalement s’échoue. Les grosses baleines financières s’échouent mourantes sur la plage.

Les taux bas permettent de retarder et d’ éloigner la crise, les taux élevés la font revenir et se rapprocher

Or que font les autorités?

Elles prétendent que non, elle prétendent que comme Faust et Méphistophéles elles ont réussi à séparer les causes et les effets; les même causes ne produisent plus les memes effets; on peut avoir les bénéfieces de la politique monétaire laxiste sans avoir le coût de ces politiques quand on les stoppe. C’est Promethée qui veut voler le feu aux Dieux, il se prend pour Dieu alors qu’il n’est que Satan.

C’est cela, cette négation du lien entre politique monétaire et crise que j’appele le pari satanique. car c’est un pari contre la logique, contre l’ordre des choses. C’est un pari de démiurge. Si vous prenez de la came, de la coke pour paraitre génial, alors quand vous cessez d’en prendre vous êtes minable, vous êtes une merde.

La démarche des démiurges aurait pu etre efficace si, après avoir pratiqué leur politique monétaire non conventionnelles, ils avaient assaini le système, nettoyé la pourriture, détruit toutes le capital fictif, toutes ces dettes qui par leur fragilité, produisent les crises, mais non ils ne l’ont pas fait au contraire! Au contraire, ils ont créé encore plus de ce capital fictif, de cette masse de promesses , de créances et d ‘actifs financiers!

Résultat , la croissance réelle n’est jamais repartie, les ratios de dettes n’ont fait que s’envoler et la fragilité est encore plus grande. Tout est devenu valeur frivole, de convenance, basée sur des croyances sataniques. Le ciel est la limite, on peut s’enrichir à l’infini.

La suppression des béquilles monétaires, le sevrage de la drogue, le retrait du bol de punch euphorisant , tout cela ne pêut etre retiré sans retour aux manifestaions crisiques; c’est ce qui est en cours. Le nier c’est se prendre pour dieu, faire le pari satanique.

Le système financier, le système des fausses valeurs ont tout contaminé.

Il est faux de dire que les problèmes sont cantonnés. Le monde de la finance est interconnecté , c’est un tissus, un maillage. Les effets de dominos ne sont pas artificiels, ils sont réels. En plus personne ne sait, dans la chaine du bonheur Ponzi, ou est le maillon faible, tout est opaque. Toutes les comptabilités sont fausses après des décennies de laxisme.

L’histoire ne se répète pas, mais elle rime. Silicon Valley Bank (SVB) n’est pas Lehman Brothers, mais les principes sous jacents aux crises sont les mêmes, les vices sont les mêmes.

Les deux institutions défaillantes étaient des acteurs centraux dans leurs bulles respectives. Lehman était un acteur clé des prêts hypothécaires à risque, tandis que SVB est le principal bailleur de fonds des startups de la Silicon Valley. 

Lehman a fatalement aggravé son profil de risque en exploitant agressivement un portefeuille de titrisations à haut risque. SVB a terminé 2022 avec un portefeuille de titres de 120 milliards de dollars, la grande majorité étaient des titres hypothécaires (MBS et CMO). 

La chute de Lehman en difficulté a eu un impact négatif majeur sur les titres sous-jacents de son bilan. L’effondrement spectaculaire de SVB aura un impact négatif majeur sur son portefeuille de prêts de 74 milliards de dollars. 

Tout est enchevétré!

Une toile enchevêtrée… Apparemment, les emprunteurs de startups de la SVB étaient tenus de conserver leur argent déposé à la SVB. De par leur nature, les startups opèrent généralement à cash-flow négatif. S’ils perdent l’accès à de nouvelles liquidités, ils sont en difficulté. Alors que le financement s’est nettement resserré l’an dernier, la SVB a tout de même élargi son portefeuille de prêts à un taux à deux chiffres (12 %). Aujourd’hui, des dizaines d’entreprises qui ont besoin de nouveaux financements pour survivre ont perdu en 48 heures leur principal prêteur, ainsi que l’accès à leur trésorerie si ils en avaient .

Ce système a fonctionné au mépris de tout bon sens et de toute déontologie.

Les autorités ont, bien sur, fermé les yeux. Ce système a été produit déliberément par la Fed, c’est parce qu’elle a mené une politique non conventionnelle scandaleuse que ces pratiques ont été possibles. La Fed a fourni un filet de sécurité garanti, elle a créé un environnements de marché et de capital-risque bouillonnants, et une « monnaie » miraculeuse, tombée du ciel.. Comment expliquer que la Federal Home Loan Bank ait avancé 15 milliards de dollars à la SVB l’année dernière, et lui ait ainsi offert le filet de sécurité qui a certainement contribué à la complaisance et à la poursuite d’une gestion des risques profondément défectueuse?

Les conséquences peuvent être mondiales car la finance est planétaire, le pognon coule dans le monde entier en fonction des lignes de plus grandes pente du profit facile. Tout est intriqué et tout est multiplié.

Ce sont deja des centaines de milliards qui sont évaporés, partis à l’Enfer du Pognon. Les investisseurs et les déposants ont tenté de récupérer 42 millards sur SVB et deja les pertes induites ailleurs sont de plus de 500 milliards!

L’indice bancaire américain KBW a chuté de 15,7 % cette semaine, c’est la plus forte baisse hebdomadaire depuis la baisse de 18,8 % pendant la semaine de panique du 20 mars 2020.

L’indice bancaire Nasdaq a chuté de 16,1 % et l’indice financier NYSE cette semaine a chuté de 7,5 %. 

L’indice Broker/Dealer (XBD) a perdu 9,3 %. 

L’indice européen STOXX 600 Bank a chuté de 5,0 % et l’indice Hang Seng China Financials a chuté de 5,1 %.

10 mars – Bloomberg :

« L’administration Biden a réagi vendredi à la plus grande faillite d’un prêteur américain en plus d’une décennie, offrant son assurance que le système financier américain résisterait aux retombées de l’effondrement de la Silicon Valley Banque et que les régulateurs suivaient de près l’évolution de la situation. 

Dormez braves gens, il n’y a aucun risque : on va arroser comme d’habitude. C’est vous qui allez payer!

Pour la nième fois, La Fed est à nouveau confrontée à une situation difficile .

C’est la situation que je vous décris depuis 2008 et 2009: elle a brulé ses vaisseaux, elle a choisi une voie et chaque fois qu’elle essaie d’en sortir, elle est confrontée à un accident. C’est le No Exit.

Le système ne peut tolérer de changement de direction, c’est marche ou crève: inflate la monnaie ou tout saute.. 

La Fed a un sérieux problème d’inflation des prix des biens et des services, elle est en outre face à une fragilité historique aiguë du système. 

Un resserrement supplémentaire risque de pousser les marchés et l’économie au-dessus de la proverbiale Falaise de Senèque. 

L’absence de resserrement, avec des rendements obligataires en baisse risque de soutenir les pressions inflationnistes et d’alimenter les anticipations . 

Les marchés tablent désormais sur 40 points de base de baisses de taux entre les réunions du FOMC de juin et de décembre. 

EN PRIME

Degats collateraux de SVB

Faut-il s’inquiéter lorsque Janet Yellen se sent obligée de dire aujourd’hui que “le système bancaire reste résilient”? Souvenez vous de l’assurance de Ben Bernanke en mai 2007 que “nous ne voyons pas de retombées sérieuses plus larges pour les banques”?

Tous touchés

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