Credit Suisse, les fautes s’accumulent.

Ouf, les autorités suisses se portent au secours du pauvre pauvre Crédit Suisse ! Tout le monde respire… À tort
La réponse des autorités suisses face à la déroute du Crédit Suisse est une double faute d’orgueil.

Le Crédit Suisse est un zombie qui ne répond pas aux règles communes de vie et de mort d’une société.

Ils NE peuvent d’ailleurs PAS faire faillite sans prendre le risque d’emporter une bonne partie du système financier dans leur chute.

MAIS…Mais les fautes comptent triple dans de tels moments et les Suisses viennent d’en commettre deux d’un coup : la situation risque de se détériorer fortement avant d’aller éventuellement mieux.

Avant d’aller plus loin, je dois vous éviter un piège : Le traitement médiatique de la crise bancaire — et de nombreux sujets médiatiques en général —  vous somme de choisir entre un camp conformiste naïf et un camp alarmiste millénariste. On m’a copieusement rejeté dans chacun de ces camps depuis quelques jours ; il ne s’agit pas là d’analyse mais de politique spectacle frelatée et d’extorsion d’adhésion.

Pas de cela ici. Je vous en conjure, ne me confondez pas plus avec un catastrophiste millénariste qu’avec un conformiste béat. Alors que le consensus mou de l’ignorance triomphante se réjouit grassement de la communication conjointe de la Banque Nationale Suisse et du gendarme boursier hélvète — la FINMA —, ceux-ci viennent en fait de relever le gant américain.

Mais dans cette version de David contre Goliath, ils sont armés d’une fronde en carton. Guillaume Tell lance des flèches en mousse (en l’occurrence en francs suisses) et ce n’est pas porter atteinte à son courage, hier les Suisses avaient à résoudre un dilemme cornélien.

Rappelons que si le Crédit Suisse est dans la tourmente, c’est parce que la SEC, le gendarme boursier américain, les a bruyamment forcé à retarder la publication de leur rapport annuel, finalement paru mardi, pour y faire ajouter qu’il y avait « des failles substantielles » dans leur contrôle des risques.

Je n’ai pas de doute sur l’insincérité des comptes du Crédit Suisse qui est une planche pourrie… Et je n’en ai pas davantage sur les intentions de la SEC qui a volontairement jeté le Crédit Suisse au feu en les humiliant publiquement.

C’est un point important : Si les conditions de la crise du Crédit Suisse sont réunies de manière quasi permanente depuis 2009, ce n’est pas un choc externe ou la contagion de la faillite de Silicon Valley Bank qui ont entraîné le CS dans une spirale infernale : La crise a été déclenchée par la SEC américaine quand elle a forcé le CS à avouer publiquement des failles dans leurs comptes.

Aussi, quand la FINMA et la BNS déclarent que «le Crédit Suisse satisfait aux exigences de capital et de liquidités imposées aux banques systémiques », ils contredisent DIRECTEMENT la SEC… Qui risque fort à son tour de ne pas laisser passer l’affront : Il y a gros risque d’escalade

Première faute. La seconde : Nous savons depuis Mario Draghi que le mot magique pour résoudre de telles crises est « quoi qu’il en coûte / whatever it takes », pas « la BNS mettra des liquidités à disposition EN CAS DE BESOIN » qui fait l’affront d’ignorer la déroute en cours. En langage financier, c’est un aveu de faiblesse, un soutien du bout des lèvres qui passerait pour une fin de non-recevoir. Les marchés devraient plonger allègrement dans ce « en cas de besoin » et donner de lucratifs coups de butoir jusqu’à ce que la BNS engage force espèces sonnantes et trébuchantes.

Aussi, je serais étonné que la situation se calme grâce à ce communiquéqui ne m’apparaît pas comme un remède mais comme une déclaration belliqueuse de la FINMA à la SEC, de la BNS aux marchés.

Dernière précision enfin : Les trous dans les bilans et surtout les hors-bilans des banques européennes et du Crédit Suisse en particulier sont libellés essentiellement en DOLLARS. Cela signifie que la BNS et les autorités sont limitées dans leur réponse.

Nous aurons des indices sur l’évolution de la crise par l’intermédiaire du marché de l’Eurodollar, à la base de l’architecture des dérivés qui sont le cœur nucléaire du problème et par les contrats de swap entre la Fed et la BNS, s’ils daignent les publier.Volumes EurodollarPour le moment les volumes flambent logiquement sur l’Eurodollar mais le nombre de contrats ouverts commençait à baisser légèrement mardi. 

À suivre donc… Et à votre bonne fortune,Guy de La Fortelle 
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4 réflexions sur “Credit Suisse, les fautes s’accumulent.

  1. Les Suisses ont détruit des missiles sol air et rechignent a fournir leurs chars Léopard et leurs munitions… Peut-être une picure de rappel des États-Unis pour tordre le bras des Suisses pour fournir l Ukraine….

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  2. Bonjour M. Bertez

    Merci pour cet article éclairant.
    Peut être ne faut il pas non plus oublier la lutte pour les paradis fiscaux: la plupart des paradis fiscaux recensés sont des territoires anglo saxons ou contrôlés par les anglo saxons, le Delaware de l ‘ex sénateur Biden figurant parmi les plus opaques….
    Il est intéressant aussi de se souvenir que quelques jours avant l’étonnant contrat passé avec la Suisse pour l’achat de F35 dont elle n’a nul besoin, des articles sur des demandes américaines concernant des comptes bancaires en Suisse paraissaient dans la presse aux ordres. On conçoit donc fort bien que les USA & Londres veulent déconsidérer la Suisse comme lieu de placement financier: attaques sur le secret bancaire plus attaques sur la qualité de la gestion et l’honnêteté des banques suisses, afin de récupérer les fonds… « légèrement floutés sur les bords ».

    Cordialement

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  3. Guy de la Fortelle a compris que ce sont les américains qui ont jeté CS en pâture.

    Il y a bien longtemps qu’ils jouent avec CS comme un chat joue avec le cadavre d’une souris.

    Le jour où les suisses ont cédé sur le secret bancaire, ils ont fait preuve d’allégeance et sont devenus comme nous une chose des américains.

    Regardez le bilan de la BNS qui ressemble à celui d’un hedge fund en valeurs US. Est-ce là la contrepartie de son approvisionnement en dollars ?

    Faire chanter la Suisse c’est faire chanter l’un des pays occidentaux qui s’en sort le mieux côté inflation et peut donc réinjecter plus facilement que les autres.

    La rançon payée par la BNS n’est qu’un début.

    Il était prévisible que les américains allaient chercher à détourner les regards des conséquences de leurs turpitudes. Ils le font systématiquement.

    On peut juste être surpris par la vitesse à laquelle ils l’ont fait cette fois et elle nous autorise à penser que la situation est aussi pourrie qu’on le pense ici.

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    1. Bonjour.
      N’ais je point lu, que CS était propriété de banque saoudienne, que l’Arabie Saoudite venait de signer une entente avec l’Iran, quelle allait accepter les payements en Yuan, n’ais je point lu aussi que la Suisse avait décidé de ne pas donner de munitions à naziland. Je n’irais pas chercher plus de coincidences , mais il me semble que les USA déclare la guerre à tout leur empire, faute de pouvoir le faire à leurs ennemis.
      Une peu une nouvelle guerre de sécession.
      Le résultat sera que le nombre de leurs ennemis va s’amplifier, et que leur détresse violente aussi.
      Otan en emportera le vent du nord est.

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