Editorial: en vrac, quelques associations d’idées, au fil de la plume

Je prends connaissance ce matin des commentaires qui fleurissent sur les réseaux sociaux.

Je vais au bistrot prendre un café; les conversations tournent autour des derniers événements qui se sont déroulés la veille en France.

Il n’y a là rien d’extraordinaire, reconnaissez-le.

Ce qui me frappe, c’est d’abord la teneur de ces conversations et de ces interventions.

Pour la plupart, elles portent sur les manifestations, sur les dégradations, sur les interventions de la Police. La teneur générale est plutôt contre les manifestations puisqu’elles dégénèrent et troublent l’ordre social.

On parle peu du sujet principal qui est et devrait être le vote, si on peut appeler cela un vote, de la veille qui a permis le passage de la réforme sur les retraites. C’est normal, puisque dans le cadre du psittacisme social, le peuple ne fait que répéter ce que les médias lui ont fait avaler la veille.

Le fond du sujet, c’est la réforme des retraites; le développé du sujet, c’est le 49.3, l’incidente relativement annexe, ce sont les manifestations. La fonction médiatique consiste à grossir ce qui est relativement annexe pour escamoter les sujets de fond.

Tout ceci me fait penser aux conclusions que l’on peut tirer de l’action sociale et politique.

Pas besoin d’être patron d’institut de sondage pour avoir la conviction d’un divorce de plus en plus grand entre le peuple et ses représentants et d’un divorce encore plus abyssal entre la Présidence et le peuple qui l’a portée au pouvoir. Finalement, c’est cela que l’on appelle le populisme. Le mot sert à caractériser cette situation tout en ne la reconnaissan tpas. La situation, c’est le fait que le peuple n’est pas d’accord avec ceux qui le gouvernent, et la caractérisation, c’est non pas la reconnaissance de ce désaccord, mais l’accent mis sur le mécontentement du peuple, lequel est pointé du doigt de manière salissanrte et dégradante par l’étiquette « populiste ».

Le mécontentement du peuple n’est pas reconnu comme tel, il n’est pas analysé, il n’est pas straité en tant que problème, il ne surgit dans la conscience politique que par sa manifestation qui est le réveil populiste.

Tout cela me fait penser également à cet éléphant dans la pièce qui est l’impuissance. Depuis la venue de Macron, le mécontentement ne cesse de croître, les manifestations de rejet de sa présidence se multiplient, ses taux d’approbation stagnent dans les plus bas; il y a eu les Gilets Jaunes, il y a les grèves, il y a les manifestations, il y a maintenant les violences désespérées, rien n’y fait. C’est cela qui me semble le plus important.

La multiplication des tentatives pour s’opposer à Macron ne débouchent sur rien.

Toutes les actions anciennes conduisent à des impasses, qu’il s’agisse des élections, des sondages, des grèves, des manifestations ou des violences. Macron a découvert le point faible de nos systèmes anciennement démocratiques: « ils ne sont pas contents, c’est vrai, mais, et après… » il a compris que lorsque l’ensemble de l’arsenal de l’action sociale connue avait été épuisé, on peut imposer au peuple absolument tout ce que l’on veut.

On peut lui imposer les politiques les plus anti-sociales et les moins respectueuses de la dignité individuelle. On peut lui imposer la paupérisation, on peut lui imposer la surexploitation, on peut lui imposer l’absence de perspectives d’avenir, on peut lui imposer la honte de la vassalité et de la soumission internationale. On peut lui imposer… j’arrête là car la liste est trop longue.

Pendant ce temps, les représentants du peuple continuent de parader, qu’il s’agisse des Mélenchon, des Ciotti ou des leaders syndicaux. Ils sont en place, ils se gobergent, ils montent sur les pavois médiatiques, ils affichent leur médiocre volonté de puissance. Ces gens bien sûr sont dépassés, ils sont victimes de ce que j’appelle le développement inégal. Le monde a changé, mais eux continuent de pratiquer l’action politique et sociale à la papa, comme si de rien n’était. Il ne leur vient pas à l’idée de concentrer leurs réflexions sur l’éléphant dans la pièce dont j’ai parlé plus haut: l’impuissance, l’impuissance.

Le constat d’impuissance devrait conduire, à force d’être répété, à une remise en cause radicale de l’action sociale et politique. On ne peut pas se contenter de rêver du jour où Mélenchon prendra le pouvoir ou du jour où Marine Le Pen aura réussi sa dédiabolisation. On ne peut pas se contenter d’espérer qu’un jour, un leader politique sortira du rang et comprendra qu’il faut réunifier toutes les familles populaires soit disant extrêmistes pour mettre à la porte ces centristes qui sont en définitive les gardiens/larbins du système.

L’action politique et sociale est comme presque toutes les actions modernes et post-modernes une action qui a évolué vers la masturbation. La modernité se caractérise par la perte de vue de la finalité de l’action sexuelle qui est censée être utile à la reproduction; elle a évolué vers la séparation entre le concret et l’abstrait, entre le réel et les signes qu’il représente. La modernité, la post-modernité, c’est la recherche de satisfactions dissociées des buts et des objectifs utiles. C’est résumé par ce que l’on entend souvent et que je trouve comme profondément méprisable: « l’essentiel n’est pas de réussir, mais de participer. »

L’action politique, tout comme les autres actions que j’ai évoquées ci-dessus, s’est fourvoyée. Elle s’enfonce dans les défoulements, les jouissances personnelles et les satisfactions narcissiques. Le but, le résultat, la fin, tout cela est escamoté, perdu en route. La question de la réuisste et de l’échec est devenue secondaire et même occultée.

En leurs temps, Marx et Lénine avaient fait faire de grands progrès à la pensée politique.

Lénine se posait la question centrale, tout le monde devrait s’en souvenir, puisqu’elle est facile à retenir: « que faire »?

Marx était un peu plus abstrait, mais il a mis en évidence une notion centrale; cette notion, c’est celle de la praxis. Marx s’est interrogé sur l’articulation entre la pensée théorique et ses objectifs, ils forment un tout. La praxis a une finalité interne à l’action, non séparable de l’action : « Le fait de bien agir est le but même de l’action. » Marx a recollé l’ensemble.

Notre époque, elle, divise tout, elle disjoint, elle libère les abstractions des contraintes du réel. Cela permet toutes les escroqueries et en particulier lesa ctivités tribunitiennes des soit-disants chefs qui ne conduisent nulle part.

Ces quelques réflexions sur l’action sociale sont évidemment provoquées par ce qui s’est passé hier et que tout le monde a pu constater.

Il s’est passé hier des choses encore plus importantes, je ne les ai même pas vu commentées et analysées dans la presse, les médias, ou dans les bistrots. De la même manière qu’en 2008, les classes salariées ont subi une défaite historique car on leur a fait payer la crise produite par les financiers; hier, il s’est passé exactement la même chose, confrontés à une crise financière et bancaire encore plus considérable que celle de 2008, les élites ont fait bis repetita, elles ont une nouvelle fois sauvé le monde du pognon sur le dos des peuples.

Vous en avez entendu parler?

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7 réflexions sur “Editorial: en vrac, quelques associations d’idées, au fil de la plume

  1. oui M BERTEZ la question est le poids du vote qui ne vaut plus rien depuis la démonstration du TCE avec un NON à 54.67% et un 49.xxxx en2007 pour s’assoir sur le bon sens du démos . Puis confirmation maintenant. Ceci lié à la corruption qui est à la tète de tout système lobbies etc ctc et à tout niveau.

    6eme république hummmm avec les mêmes ?

    J’ai bien peur qu’Il n’ y a plus beaucoup de solution sans violence

    pensée d’un vioc dépité

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  2. Bonjour M. Bertez

    Ce qui est en train de se dissoudre c’est l’illusion de la république, de la démocratie, du « peuple », des slogans genre Liberté Egalité Fraternité etc…de la représentation nationale etc.
    Une classe dirigeante en a remplacé une autre, elle exerce le pouvoir un peu plus subtilement que la précédente en faisant croire aux soumis qu’ils décident de leur propre sort et que ce sont les soumis qui nomment leurs maîtres!
    Le pouvoir, qui excite les pervers au plus haut degré, ne peut que difficilement se modifier puisqu’il ne résulte que de la forme que prend leurs fantasmes de pervers.

    J. K. Galbraith avait énoncé que pour qu’un mouvement soit capable de réformer une société il lui fallait d’abord atteindre une taille critique à l’insu du pouvoir en place.
    Cette possibilité me semble désormais quasi irréalisable en raison des moyens techniques et des méthodes de gestion des esprits dont disposent les pouvoirs en place.

    Seul un évènement violent, extérieur, pourrait désormais provoquer une changement brutal, mais il emporterait la majorité des « victimes » consentantes avant que les fauteurs ne soient à leur tour emportés.

    Platon avait pu supposer que les hommes étaient des bipèdes sans plumes.
    Ils se sont remplumés depuis mais il semble bien hélas que la majorité d’entre eux ait choisi des plumes de pigeons pour ce faire.

    Pour rappel: les 12 principes de Zuby Udezue – rappeur britannique: ( formulés suite à l’épidémie de covid)

    1 – La plupart des gens préfèrent faire partie de la majorité, plutôt que d’avoir raison.
    2 – Au moins 20% de la population a de fortes tendances autoritaires, qui émergent quand les conditions sont réunies.
    3 – La peur de la mort n’a d’autre rivale que la peur de la désapprobation sociale. Cette dernière pourrait être plus forte.
    4 – La propagande est tout aussi efficace de nos jours qu’elle l’était il y a 100 ans. L’accès à l’information illimitée n’a pas rendu « monsieur ou madame tout le monde » plus sage.
    5 – Tout et son contraire peut être politisé et le sera par les médias, le gouvernement et ceux qui leur font confiance.
    6 – De nombreux politiciens et grandes entreprises sacrifieront volontiers des vies humaines si cela est propice à leurs aspirations politiques et financières.
    7 – La plupart des gens croient que le gouvernement agit dans le meilleur intérêt de la population. Même ceux qui critiquent ouvertement le gouvernement.
    8 – Une fois qu’ils ont pris leur décision, la plupart des gens préfèrent continuer de se tromper, plutôt que d’admettre qu’ils avaient tort.
    9 – Les humains peuvent être entraînés et conditionnés rapidement et relativement facilement afin de modifier de manière significative leurs comportements – pour le meilleur ou pour le pire.
    10 – Lorsqu’ils ont suffisamment peur, la plupart des gens non seulement accepteront l’autoritarisme, mais l’exigeront.
    11 – Les personnes qui sont stigmatisés comme des « théoriciens du complot » sont souvent bien documentées et simplement en avance sur le narratif dominant.
    12 – La plupart des gens accordent plus d’importance à la sûreté et à la sécurité qu’à la liberté et à l’indépendance, même si ladite « sécurité » n’est qu’une illusion.
    13 – L’adaptation hédoniste se produit dans les deux sens, et une fois que l’inertie s’installe, il est difficile de ramener les gens à la « normale ».
    14 – Un pourcentage significatif de personnes aiment vraiment être subjuguées (au sens dominé, soumis).
    15 – « La Science » est devenue une pseudo-religion laïque pour des millions de personnes en Occident. Cette religion n’a pas grand-chose à voir avec la science elle-même.
    16 – La plupart des gens se soucient plus de penser qu’ils font la bonne chose, plutôt que de faire la bonne chose.
    17 – La politique, les médias, la science et les industries de la santé sont tous corrompus, à des divers degrés. Les scientifiques et les médecins peuvent être achetés aussi facilement que les politiciens.
    18 – Si vous rendez les gens suffisamment à l’aise, ils ne se révolteront pas. Des millions peuvent être rendus dociles alors que vous les dépouillez de leurs droits, en leur donnant de l’argent, de quoi se nourrir et divertir.
    19 – Les gens modernes sont trop complaisants et manquent de vigilance lorsqu’il s’agit de défendre leurs propres libertés contre les excès du gouvernement.
    20 – Il est plus facile de tromper une personne que de la convaincre qu’elle a été trompée.
    21 – La plupart des gens sont bien intentionnés (c’est bien).
    En conséquence, la plupart des gens ont beaucoup de mal à comprendre que certaines personnes, y compris nos « dirigeants », peuvent avoir des intentions malveillantes ou perverses (c’est mal).

    Cordialement

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  3. Cher monsieur,
    L’histoire de la république romaine donne l’exemple des deux Brutus.
    Mais on ne veut plus faire étudier l’histoire romaine…
    Cordialement,

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  4. Le peuple est maso et il en redemande. Un tigre de papier qui au premier départ de feu, se consume sans pouvoir résister. Le pire c’est qu’il pense pouvoir gagner. Ses méthodes sont obsolètes. Il applaudira lorsque les Martinez, Berger et Co annonceront la victoire. « Le gouvernement a plié. L’âge de départ à la retraite est ramené à 62 ans …et 24 mois ». Il n’a pas compris que 2 alternatives s’offrent à lui.
    Soi il cesse de consommer, soi il fait sécession.
    Non, il préfèrera continuer à s’anesthésier sur les plateaux MSM où les questions qui fâchent seront savamment écartées. « Ce n’est pas le sujet, on pourra en reparler ». Ou alors la question du moment qui porte l’estocade, et à l’unisson: Est-ce que vous condamnez les violences?
    Elle est bien loin l’époque où les mouvances anarchistes révolutionnaires faisaient régner la terreur.
    Non, elle est toujours présente mais elle a changé de camps

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  5. Bonjour
    Que faire ? … tel est le problème …
    Les représentants politiques de tous bords vont à la gamelle … aucun d’eux n’a le courage pour dire les choses … et ceux qui parlent sont discrédité … voir ignoré et banni de tous comme un galeux …
    Les médias aux ordres … nous sommes noyées sous des infos pour nous détourner de notre condition qui se détériore …
    La flicaille … toujours prête à se lâcher … suivent les ordres … comme des lobotomisés … aucune réflexion , obéir comme un caniche bien dressé …
    Le peuple … plutôt la masse … hétérogène n’a plus de liens communs … divisé dans sont petit groupement … défendant ceux de leur boutique … foot … télé … loisir … syndicat … parti politique … religion … race …etc…
    L’individualisme au max … sont petit plaisir personnel n’est plus que la priorité …
    Le temps des luttes armés … des conflits violents contre l’état et de ces représentants n’est plus d’actualité … tant qu’il y a un truc au frigo et une daube à regarder à la télé … il ne se passera rien … que des gesticulations …

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  6. Très bonne réflexion. Je me suis longtemps demandé comment après avoir accepté les auto attestation le pass sanitaire, le confinement abusif, accepter de se faire piquer pour garder son travail et donc derrière avoir Sa retraite à 62 ans… ( Le graal qui a peut-être justifié en partie tous ces sacrifices pour beaucoup), s’être moqué des gilets jaunes (ils ne sont pas comme nous), la majorité , l’extrême majorité de toutes ces personnes qui n’ont pas soutenu ces événements, peuvent maintenant être vent debout contre deux simples petites années !
    Après tout ce qui s’est passé avant de sordide et d’ignominieux ?
    La dictature du capital ne date pas d’hier. Cela fait 5 ou 6 ans que le peuple est fractionné dans ses tentatives : on le divise, le segmente, on pointe du doigt le complotiste le platiste et cetera , vous m’avez compris. Le pouvoir le sait. Il déroule.
    Il n’a plus qu’à dérouler. Le peuple est totalement désuni. La technique de l’ostracisation à fonctionné. Elle fonctionne merveilleusement bien et je rejoins Nicolas Bonnal dans sa pensée pessimiste d’une techno dictature qui va se mettre en place avec crédit social et monnaie de banque centrale numérique : écouter la stupéfiante interview de Christine Lagarde, piégée par des blogueurs.
    On y arrive

    Aimé par 1 personne

    1. La soumission totalitaire vécue lors de la séquence covid a parlé. Elle a montré ou sont les maitres, leur perfidie n’eut trouvé qu’une faible opposition et la masse suiveuse s’est retrouvé (passé les errements de la fracture sociale) a jouer le role de gardienne du temple du mensonge et de la pensée unique pour le profit de l’agenda de Davos.

      On leur a offert un role à la mesure de leur couardise et de leur suffisance. Faites le ménage dans vos rangs… les « non vaccinés » sont le problème que vous devez regler avec le concours de l’état, ce rhizome infiltré jusque dans la sphère privée qui vous vaut votre bien avec en bonus le zèle que vous lui apporterez pour flinguer toute dissidence.

      Les gens se battent pour leur retraite mais cela masque d’autres problématiques bien plus graves tel que le déclassement social par la destruction du tissu économique épaulée par le double moyen du financiarisme lui-meme augmenté dans son efficacité destructrice par le biais d’une stratégie géopolitique foireuse.

      J’aime

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