Editorial. L’imaginaire suprême c’est la croyance que la monnaie vaut quelque chose.

La lutte contre les tendances à la dépression et la croissance anémique a un coût: ce coût c’est la politique monétaire non conventionelle, laxiste, aventureuse, dans laquelle finalement tout est monétisé et ou tous les risques remontent au couple Banque Centrale +Tresor Public .

A ce couple il faut ajouter les satellites qui bénéficient de la garantie du Gouvernements, -aux USA ce sont les GSE (Government Sponsored Enterprises ) , la FHLB etc.

Comme je l’ai expliqué le coût et le risque liés au dopage remontent finalement au couple maudit que constituent l’état et sa banque centrale. On gave de risques et de créances plus ou moins saines le couple afin que le système privé tienne et ne fasse pas Faillite. Le couple maudit c’est le Centre du Système et tant que ce Centre peut absorber la pourriture et les non-valeurs de la Péripherie alors on peut toujours sauver le système, il suffit d’absorber sa pourriture et d’émettre en contreprartie de la monnaie/du crédit …cela marche tant que la monnaie est considérée comme bonne, acceptable. C’est ce que l’on vient de faire avec SVB et les autres institutions que l’on a sauvé ces dernières semaines.

La lutte contre la hausse des prix des biens et des services à un coût elle aussi: ce coût c’est la politique monétaire restrictive, les taux d’intérêt plus élevés, la restriction du crédit , la baisse des prix des actifs financiers et immobiliers , que cette baisse soit comptabilisée ou pas, et ce coût c’est finalement la récession.

Tout cela c’est de la logique pure. Incontournable quoi qu’en dise la Lagarde qui prétend que tout est deconnecté, pas de relation, circulez rien à voir.

Stimuler c’est créer de l’argent et du crédit afin qu’il soient abondants, qu’ils brulent les doigts et que l’on préfère acheter des biens et des services. Stimuler c’est rendre les biens et les services plus désirables que la détention de l’argent. C’est cela faire tourner la machine économique.

On a créé beaucoup, beaucoup, d’argent et pendant longtempes !

L’inflation des prix c’est quand les agents économiques préfèrent avoir des biens et des services plutot que de l’argent. Les prix des marchandises montent la valeur relative réelle de l’argent baisse.

La lutte contre l’inflation des prix consiste à rendre l’argent plus rare donc plus désirable et plus nécessaire afin de dissuader la demande de biens et de services que l’on juge excessive. On réduit la demande, l’économie ralentit, les profits chutent, le chomage augmente.

Il y a un lien, une relation incontournable entre les variables de tout ce complexe ; il faut choisir.

C’est ce que dit raisonnablement le President de la Fed de Chicago: il ne faut pas trop lutter contre l’inflation, il faut être prudent car ceci va créer des « vents contraires » , il veut dire de la récession , des faillites, des insolvabilités , des défaillances bancaires, des baisses de la valeur des patrimoines etc etc. Bref cela va faire mal.

C’est l’adage de Schwarzenegger, pour que cela fasse du bien il faut que cela fasse mal.

10 avril – Bloomberg :

« Le président de la Federal Reserve Bank of Chicago, Austan Goolsbee, a déclaré que la banque centrale américaine devrait faire preuve de « prudence et de patience » dans l’augmentation des taux d’intérêt alors que les décideurs évaluent à quel point les turbulences bancaires du mois dernier contribueront à resserrer les conditions de prêt. . « Compte tenu de l’incertitude qui règne quant à la direction de ces vents contraires financiers, je pense que nous devons être prudents », a déclaré Goolsbee dans des remarques préparées … « Nous devrions collecter des données supplémentaires et faire attention à ne pas augmenter les taux de manière trop agressive jusqu’à ce que nous voyions combien de travail les vents contraires font pour nous en réduisant l’inflation.

Goolsbee dit : soyons raisonnables, avec le resserrement des prêts bancaires et les craquements sinistres sous la surface , il semble prudent pour la Fed d’appuyer sur le bouton « pause ». 

C’est toujours ce qui, dans l’histoire, se produit. Cela s’est produit en 2013 avec Bernanke et en 2015/2016 avec Yellen , puis avec Powell en 2019 puis encore avec Powell en 2023.

Les marchés sont s’autant plus conditionnés à des conditions accommodantes récurrentes , que la théorie économique dominantes est maintenant comportementale. Il n’y a pas de loi économique que l’on puisse comprendre, tout est affaire de comportements, de corrélations , de modèles que l’on crée et que l’on applique.

Le Nasdaq100 affiche un gain de 20 % depuis le début de l’année. 

La peur a disparu, la gourmandise a laissé la place à la voracité. La prudence à l’euphorie.

L’indice VIX (volatilité/risque des actions) a clôturé vendredi à 17 le plus bas depuis janvier 2022.

Le marché des taux prévoit actuellement deux baisses de taux de 25 points de base entre juillet et décembre. 

Malgré une inflation très élevée, les rendements des bons du Trésor à 10 ans restent à un niveau historiquement dérisoire de 3,50 %.

Goolsbee et ses collègues craignent que les mesures de resserrement de la Fed ne poussent l’économie américaine vers la récession. Je n’y crois pas beaucoup, le comportement de la bourse semble dire le contraire, la vraie politique monétaire effective est deja redevenue stimulante; l’humeur est redevenue positive. Bien sur il peut y avoir un petit trou, un petit passage à vide, lié aux difficultés à bien calculer les vitesses de réaction de l’économie aux mouvements de la finance, mais je ne crains pas le risque recession.

Le choix a été fait: on préfère s’arrêter a mi chemin plutot que continuer. La balance des risques dans la tête des gouverneurs de la Fed est du coté de l’économie, c’est elle qu’il faut préserver, pas la lutte contre la hausse des prix. On a fait comme l’a dit Bernanke en 2013, on n’a pas laissé les conditions financières se resserrer au point de faire mal.

On a repris le Grand Régime, on a renoué avec la ligne de l’inflationnisme.

Lisez ce texte

Mon point de vue est le suivant la récession post-bulle est à la fois nécessaire. et impossible .

Un jour bien sur viendra ou il ne sera plus possible de repousser les échéances et ce jour se rapproche à grands pas, mais il n’est pas encore venu. On est à 8,6 trillions sur le bilan de la Fed et à 27 trillions de bons du Trésor, mais on peut aller beaucoup, beaucoup plus loin .On peut encore mentir beaucoup, plomber les comptes , faire des faux bilans, leurrer les gens avec la monnaie fondamentalement pourrie , on peut encore socialiser les pertes, les masses gobent tout; mais un jour ce ne sera plus possible car la monnaie sera devenue douteuse et il y aura des grands des très grands détenteurs de monnaie qui refuseront les Assignats, les certificats d’or, les promesses des dérivés et ils arrêteront de jouer .

Cela commencera non par les détenteurs domestiques mais par les détenteurs étrangers, déja la monnaie est minée de l’intérieur et cela se sait; cela suffit car le ver du doute étant dans le fruit il va grossir et prospérer, tout ronger jusqu’à ce qu’un évènement ou un acteur rogue, un voyou, demande l’échange des monnaies et de son papier comme le firent les Princes du temps de John Law.

Le système est devenu totalement dysfonctionnel, il ne peut plus jamais s’auto- corriger, s’auto-rééquilibrer, s’auto-réguler. ; toujours il lui faut une intervention tombée du ciel, de la dette, de la monnaie, des liquidités. Et plus il reçoit ces cadeaux tombés du ciel, plus il dysfonctionne et plus ses besoins deviennent grands, gros, énormes. Le système est devenu un Ogre, il dévore tout. Aucun système ne peut fonctionner sans mécanismes de discipline.

On attend les données officielles, mais on dit que le FHLB a augmenté les prêts/avances aux institutions financières membres d’un montant sans précédent de 400 milliards de dollars à la suite de l’effondrement de la SVB. Couplées aux facilités de prêt de la Fed, ce sont des injections historiques.

Le risque est devenu final, en terme logique pas en terme de temps. J’entends par là que l’on en est à la dernière étape, au dernier backstop.

Je m’explique.

On peut avoir un système de crédit pourri, de spéculation, de mauvaise allocation c’est possible . Mais tant que les paris risqués, les erreurs, les malhonnêtetés, les crimes sont sanctionnés et les enrichissements indus détruits, le système peut survivre; mais quand in fine tout est monétisé, quand tout remonte au niveau de la banque centrale, au niveau de l’état et de ses agences alors ont atteint des réservoirs infinis, sans fond. Il n’y a plus de limite. On peut toujours continuer car les ressources ne sont pas réelles, elles sont imaginaires, Faustiennes. Et finalement dans ce genre de système qui est devenu le notre, un jour l’imaginaire suprème s’effondre. L’imaginaire suprême c’est la croyance que la monnaie vaut quelque chose.

Miracle de la dialectique: la demande pour l’argent est insatiable. Mais la Taupe creuse et au fil des années au fil des années les risques s’accumulent jusqu’au jour ou la dynamique s’inverse, la demande pour l’argent disparait!

2 réflexions sur “Editorial. L’imaginaire suprême c’est la croyance que la monnaie vaut quelque chose.

  1. Je ne sais quelle état de conscience de vos réflexions ont les « joueurs » , mais ce que
    je sais c’est que le CDS souverain USA est au plus haut de tous les temps a un poil de 100.

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    1. La période que nous vivons ressemble à un vrai numéro d équilibriste.
      La seule différence est que la traversée complète est impossible à réaliser, nous devons choisir le côté où nous allons tomber…

      Les baisses ou hausses des taux se feraient elles en fonction du prix du pétrole ?
      Ce prix serait maintenant (réellement ?) décidé au sein de l opep avec le rapprochement de la Russie/Arabie Saoudite/Iran.
      Un pétrole jugé trop cher par les occidentaux profite aux Brics, il faut donc monter les taux et ralentir l appareil productif par une récession.
      Et baisser les taux pour doper l économie revient à consommer plus de pétrole et ainsi à faire monter son prix et à accélérer l inflation.

      Dans les 2 cas nous sommes perdants, non ?

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