Un évènement mondial.
https://www.piie.com/events/crisis-democratic-capitalisme
La crise du capitalisme démocratique
19 mai 2023, 13 h 00 à 14 h 00 HAE
Webdiffusion PIIE, Washington, DC
Martin Wolf (Financial Times)
Le Keynesianisme est une construction idéologique bourgeoise élaborée dans les années 30 pour sauver la Bourgeoisie et le régime qui va avec: le capitalisme.
Dans son dernier livre , le chroniqueur de FT et gourou keynésien Martin Wolf part du principe que capitalisme et démocratie vont de pair « comme une main dans un gant ».
Mais il est obligé de faire un triste constat. « Nous vivons à une époque où les échecs économiques ont ébranlé la foi dans le capitalisme mondial. Certains soutiennent maintenant que le capitalisme est meilleur sans démocratie ; d’autres que la démocratie est meilleure sans capitalisme.
La formeule est jolie, elle permet de cadrer le sujet de la façon qui convient à l’auteur et à sa clientèle.
Il aurait pu se demander d’emblée pourquoi le capitalisme dérape, se pervertit , mais il restreint sa réflexion.
Il ne cache pas son parti pris non scientifique:
» le mariage entre le capitalisme et la démocratie est devenu difficile » , tout « divorce serait une calamité presque inimaginable ».
Au 21e siècle, l’échec du capitalisme est flagrant : ralentissement de la croissance, augmentation des inégalités, désillusion populaire généralisée, multiplication des guerres, destruction des libertés, destruction même des fonctionnements des marchés, spéculation effrenée et surtout endettements monstrueux.
Mais le « capitalisme démocratique », nous dit Wolf , « bien qu’intrinsèquement fragile, reste le meilleur système que nous connaissions pour l’épanouissement humain ».
Wolf définit la « démocratie » comme « le suffrage universel, la démocratie représentative, des élections libres et équitables ; la participation active des personnes, en tant que citoyens, à la vie civique ; protection égale des droits civils et humains de tous les citoyens; et un état de droit qui lie tous les citoyens de manière égale.
Par capitalisme, « j’entends une économie dans laquelle les marchés, la concurrence, l’initiative économique privée et la propriété privée jouent un rôle central ».
Wolf au mépris de toute connaissance historique nous que « le capitalisme et la démocratie sont des opposés complémentaires : ils ont besoin l’un de l’autre pour prospérer ».
Ce qui se passe en ce moment ou l’Occident cherche à survivre et à mainetnir son soi disant système de moins en moins liberal en s’alliant aux fascistes me laisse plutot penser le contraire . On a l’impression surtout depuis 2009, puis depuis le Covid, que c’est l’autocratie fasciste qui est convoquée pour soutenir le capitalisme financiarisé et protéger les propriétaires du capital.
Le capitalisme fianciarisé par son action monétaire dépravée, par ses perversions financières, ses aberrations réglementaire et ses atteintes aux liberté va plutot dans le sens de l’illibéralisme et de l’anti-démocratie. le spectacle lamentable donné par les Etats-Unis semble plaider en ce sens.
Wolf ne le nie pas mais il évite de s’interroger en profondeur.
Maintenant, dit-il, « les événements ultérieurs ont montré que cette confiance s’est construite sur des fondations fragiles. La finance libéralisée s’est avérée instable. Je m’en suis rendu compte lors de la crise financière asiatique, comme je l’ai expliqué dans mon livre Why Globalization Works. Mais l’inquiétude est devenue encore plus convaincante après la crise financière mondiale et la Grande Récession de 2007-2009, qui ont fait l’objet d’un livre ultérieur, The Shifts and the Shocks. De plus, l’économie mondiale générait des déséquilibres macroéconomiques déstabilisants» .
Pour Wolf il faut faire quelque chose : « quand nous regardons de près ce qui se passe dans nos économies et nos politiques, nous devons reconnaître la nécessité d’un changement substantiel si le noyau occidental les valeurs de liberté, de démocratie et des Lumières doivent survivre.»
L’objectif de Wolf comme c’était aussi celui de son maitre Keynes, doit être d’éviter la révolution parce que cela conduit « à la destruction et au despotisme. Seul un pouvoir débridé peut apporter un renversement révolutionnaire de l’ordre existant. Mais le pouvoir débridé est par nature destructeur : il brise la sécurité sur laquelle des relations humaines productives peuvent être fondées et des vies décentes vécues.
Wolf ne veut pas de révolution.
Il se permet même de tronquer Marx et de le récupérer, chapeau!
Il cite Marx et Engels du Manifeste communiste comme prédisant le succès du capitalisme au milieu du XIXe . « Karl Marx et Friedrich Engels l’ont compris. Dans le Manifeste communiste, l’un des documents les plus importants du XIXe siècle, ils ont décrit avec brio l’économie capitaliste naissante.
Wolf est allé jusqu’à déclarer : « Vous ne pouvez pas être un spécialiste des sciences sociales intelligent si vous n’êtes pas marxiste ».
Bien sûr, il ignore totalement les découvertes du Manifeste:
Avec l’accumulation et la suraccumulation du Capital
avec la tendance a la baisse de la profitabilité du Capital
avec la tendance aux crises de plus en plus fréquenest et profondes
avec le besoin de toujours hausser le taux d’exploitation des salariés
avec la tendance a l’impérialisme et aux guerres, stades ultimes du système.
Notre penseur n’a ni diagnostic satisfaisant ni bien sur de solution.
Il invoque les perceptions, les déceptions: « la déception économique est l’une des principales explications de la montée du populisme de gauche et de droite dans les démocraties à revenu élevé ». Aujourd’hui, « de nombreuses personnes dans les pays à revenu élevé condamnent le capitalisme mondial des trois ou quatre dernières décennies pour ces résultats décevants. Au lieu d’apporter la prospérité et des progrès constants, il a généré des inégalités croissantes, des emplois sans issue et une instabilité macroéconomique.
Pourquoi le capitalisme échoue-t-il ? Mystère ..
Pourquoi le capitalisme de « l’âge d’or » des années 1960 a-t-il cédé la place à la « stagflation » dans les années 1970, puis à une baisse de la croissance de la productivité et à une économie de rente et de spéculation au cours des deux dernières décennies du XX e ?
Wolf nous dit n’importe quoi: » Le malaise est en partie le résultat de forces profondes et inéluctables, en particulier le ralentissement de la croissance de la productivité, l’impact déséquilibré des nouvelles technologies, les changements démographiques et la montée des pays émergents, en particulier la Chine ».
Wolf n’offre aucune explication appropriée : pour la bonne raison qu’il ne sait pas comment fonctionne le capitalisme- par accumulation de capital- et qu’il ne voit pas sa contradiction majeure- le besoin sans cesse croissant de profit-.
Le besoin de rentabilité du capital productif n’est pas pris en compte et il ne peut donc comprendre la necessité du passage au capitalisme financier et rentier et speculatif.
Le capitalisme financier est fragile et de plus en plus improductif , cela il le reconnait : « la fragilité macroéconomique qui sévit dans les pays à revenu élevé était en grande partie due à la dépendance au système financier pour générer la demande ».
Après avoir exclu la révolution comme réponse à l’échec du capitalisme financier et imperialiste colonial actuel, Wolf revient …. au New Deal keynésien mondialiste, inclusif!
Dans ce New Deal à la Schwab , « ce dont nous avons besoin, ce sont des sociétés qui servent tout le monde, en offrant des opportunités, de la sécurité et de la prospérité. Ce n’est pas ce que beaucoup de démocraties à revenu élevé ont maintenant. …« Mais la condition essentielle est d’être prêt à être assez radical, tout en pensant de manière systématique, rigoureuse et réaliste. C’est de l’ingénierie sociale fragmentaire dans la pratique».
Apres, cela devient du Schwab lyrique un véritable catalogue de voeux pieux:
« Nous devons rendre nos démocraties plus fortes, en renforçant le patriotisme civique, en améliorant la gouvernance, en décentralisant le gouvernement et en diminuant le rôle de l’argent dans la politique. Nous devons rendre le gouvernement plus responsable. Nous devons avoir des médias qui soutiennent la démocratie plutôt que de la détruire. Ce n’est qu’avec de telles réformes qu’il y a un espoir de redonner vie à cette fleur délicate qu’est le capitalisme démocratique.».
Vous avez compris les élites n’ont aucune solution , mais elles ne veulent surtout pas que le systéme change, que l’ordre social soit bouleversé. Il ne leur vient pas à l’idée que ce sont elles qui constituent le problème.
Cher monsieur,
Merci pour ce commentaire critique et limpide de Wolf, très éclairant sur l’aveuglement et le désespoir des « élites intellectuelles ».
J’ajoute une référence littéraire (c’est hélas mon domaine!), car je sais que vous aimez Gide (le neveu, pas l’oncle): tout cela me fait penser à Fin de partie, de Beckett! Que c’est long, l’agonie!
Cordialement,
J’aimeJ’aime