A lire: c’était votre argent, ce ne sera plus votre argent

La folie des banquiers centraux vous a encore été exposée dans notre dernier éditorial consacré à l’anniversaire des 5 ans de la prise de pouvoir de Draghi.

Nous avons expliqué que Draghi avait pris le pouvoir face à des politiciens incapables, faibles, impuissants à faire face à la crise de l’euro.

Nous avons expliqué en quoi le pouvoir des nations et des citoyens était maintenant très réduit face à des institutions qui ont le pouvoir de créer la monnaie à partir de rien, de fixer le prix de l’argent, de décreter de la préference entre le présent et le futur, de manipuler le risque et ses perceptions etc.

Les pouvoirs des banques centrales sont absolus, ainsi la BCE , en favorisant un « run »,  une  course au retraits de dépôts , sur les banques grecques, a saboté tous les plans de Tsipras et de Varoufakis pour obtenir une renégociation de la dette. La Grèce est réduite à la servitude par les usuriers.

Si les populistes un jour tentent de prendre le pouvoir, la banque centrale s’y opposera en paralysant monétairement le pays, elle fera en sorte d’affoler le peuple afin d’asphyxier les banques et à moins de fermer les frontières et de décreter l’état d’urgence impopulaire, les populistes seront balayés en quelques semaines. Les populistes seront victimes de l’impopularité!

Nous avons attiré votre attention sur le fait que nous n’étions plus dans des régimes démocratiques et que ceux ci n’étaient plus qu’une façade, un cache sexe, les vrais leviers de l’action publique étant ailleurs. Hors de portée démocratique.

Nous avons attiré l’attention sur les pertes de libertés , les contrôles qui découlaient de la situation fiscale, des déficits et des dettes: les banques veulent que l’apparence de  la solvabilité des Etats soit préservée, que les dette soient honorées, renouvelées, qu’elles ne soient pas dépréciées; pour cela il faut augmenter les recettes fiscales des gouvernements , il faut augmenter le rendement des impôts. Les gouvernements sont maintenant les fermiers généraux des banques, ils font rentrer l’argent afin de satisfaire les banques, afin de leur plaire et de continuer de pouvoir s’endetter. Si ils ne le font pas, on leur coupe les vivres.

Nous avons expliqué que cette politique constituait une sorte de chasse neige: les problèmes ne sont jamais résolus, ils sont repoussés devant nous, c’est le fameux « kick the can », on tape dans la boite pour descendre la rue, la pente.

La conséquence en est que la masse des dettes ne cesse de s’accumuler et que leur qualité ne cesse de se détériorer. Le bilan des banques est une gigantesque fiction comptable, non seulement en raison de la masse considérable de créances qu’elles détiennent et qui ne valent rien, mais surtout parce que la valeur des autres créances dépend de la continuité: il faut que la bicyclette roule, qu’elle ne s’arrête jamais sinon elle tombe. C’est roule ou crève. Et puis les dettes souveraines de certains Etats comme l’talie par exemple ne pourront jamais être honorées, c’est mathématique,  il faudra trouver un moyen de les mettre à leur vraie valeur, et ceci plombera le bilan des banques, de toutes les banques.

Nul ne peut prévoir ce qui sera le catalyseur de la nouvelle crise, et ce n’est pas important car ce qui est important c’est la fragilité. Cette fragilité nous dit qu’un jour ou l’autre le pire se produira, ce qui doit arriver arrivera, c’est une certitude.

Lorsque cela arrivera les autorités paniqueront et le public également, ce sera le sauve qui peut. Toutes les entorses aux libertés seront permies au nom de tout ce que vous voulez, l’intérêt général, l’équité, etc.

En quelques heures, les banques seront prises d’assaut car les initiés, proches du pouvoir,  connaissent la vraie situation et savent que le système ne peut pas faire face: les garanties des gouvernement ne valent rien, ce sont des assurances qui n’ont pas de répondant, pas de capital pour garantir les risques. La seule solution ce sera le blocage, la confiscation, la fin, que l’on dira provisoire, du droit de propriété. On vous dira que ce que vous croyez vous apparttenir ne vous appartient pas que cela appartient au système.

Nous avons expliqué que ce nouveau régime créé par les banques centrales n’allait pas s’arrêter,  qu’il n’y aurait pas retour en arrière  car la pyramide financière est  un ogre qu’il faut  nourrir de toujours plus de crédit, plus de monnaie, plus de promesses  et de faussses richesses comme celles des valorisations boursières.

C’est marche ou crève avec une dette globale qui représente 327% du GDP mondial, avec des dérivés, des paris  sur les  taux d’intérêt de plus 310 trillions!

Seule la fuite en avant est envisageable car l’écart entre la Sphère réelle et la Sphère financière et monétaire ne peut plus être comblé par une croissance qui se dérobe: plus on financiarise et plus la croissance ralentit , plus la croissance ralentit et plus on financiarise! Le boulet attaché aux pieds des économies est de plus en plus lourd et en même temps de plus en plus gourmand, exigeant.

La dette, le capital de poids mort comme disait déja l’excellent Joseph Caillaux en 1922, bref le mort, les zombies dévorent le vif, le vivant, les citoyens. Pour faire « tenir » les gouvernements endettés en Europe, la BCE a du mettre les taux d’intérêt à zéro, priver les classes moyennes de la rémunération de leur épargne,  et faire un cadeau de plus d’un trillion d’euros aux gouvernements!

Tout ceci conduit et produit un système bancaire boursouflé, pléthorique, gonflé de liquidités et de créances qui en fait ne peuvent et ne pourront plus jamais être honorées. Tout ce papier, tous ces contrats, toutes ces promesses, ces liabilities comme disent les anglo saxons, n’ont pas de contrepartie. Les contreparties sont rares face à une masse de promesses qui croit exponentiellement. Un jour cette rareté des contreparties se révèlera, on verra qui se baigne nu. On verra qui n’a pas de répondant. Le système tient par la magie de la confiance, on a dépassé depuis longtemps les limites qu’auraient imposées les règles prudentielles.

Les clients des banques croient que les banques sont solides, on leur parle de ratios, de fonds propres et de tests et de régulations. La réalité est que tout cela n’a rien à voir, la fragilité des banques ne vient ni de leur ratios de fonds propres, ni de leurs pertes , elle tient à la fragilité de leurs refinancements. Tant qu’on leur prête, elles tiennent, le jour ou les prêts   ne sont pas reconduits, elles chutent. Le vrai point faible du système, c’est le marché monétaire, le marché de gros.

La cause de la crise de 2008 ce ne sont pas les subprimes comme on veut vous le faire croire, non c’est le grippage des rouages internes du marché monétaire, du refinancement, du Libor etc . Les banques transforment le court en long, le peu risqué en risqué, le peu liquide en liquide, et elles multiplient, elles créent de la monnaie simplement en octroyant de nouveaux crédits: les crédits font les dépôts. Tout repose sur des promesses, le plus souvent sur des promesses en dollars. Mais pour optimiser la capacité bilantielle des établissements TBTF  il faut que marché des dérivés tourne bien, tourne rond et c’est un des points faibles du système, une boite noire.

Finalement, les banques vivent dans ce que l’on appelle le mismatch, l’écart,, le gap. Elles tiennent comme une pyramide, sur la pointe, grace aux possibilités de refinancements et au maintien des  « dépôts » de leur clientéle. Dépots entre guillemets car il n’y a plus de dépots, les clients ne déposent plus rien, ils sont créanciers de la banque ce qui est totalement différent en termes juridiques. Une banque ne tombe pas à cause de ses pertes, on l’a encore vu il y a quelques eemaines en Espagne, elle tombe parce que les déposants retirent ce qu’ils croient être  « leur argent », ne serait-ce que sur une rumeur.

A lire ci dessous ce texte de Mish, il rapporte que l’Union Européenne étudie discrètement une législation qui permettra de geler les comptes bancaires afin d’empêcher les retraits auprès des banques.  L’information vient de Reuters.

 

It’s Your Money But You Can’t Have It: EU Proposes Account Freezes to Halt Bank Runs

If there is a run on the bank, any bank in the EU, you better be among the first to get your money out.

Although it’s your money, the EU wants to Freeze Accounts to Prevent Runs at Failing Banks.

European Union states are considering measures which would allow them to temporarily stop people withdrawing money from their accounts to prevent bank runs, an EU document reviewed by Reuters revealed.

The move is aimed at helping rescue lenders that are deemed failing or likely to fail, but critics say it could hit confidence and might even hasten withdrawals at the first rumors of a bank being in trouble.

The proposal, which has been in the works since the beginning of this year, comes less than two months after a run on deposits at Banco Popular contributed to the collapse of the Spanish lender.

Giving supervisors the power to temporarily block bank accounts at ailing lenders is “a feasible option,” a paper prepared by the Estonian presidency of the EU said, acknowledging that member states were divided on the issue.

EU countries which already allow a moratorium on bank payouts in insolvency procedures at national level, like Germany, support the measure, officials said.

“The desire is to prevent a bank run, so that when a bank is in a critical situation it is not pushed over the edge,” a person familiar with German government’s thinking said.

The Estonian proposal was discussed by EU envoys on July 13 but no decision was made, an EU official said. Discussions were due to continue in September. Approval of EU lawmakers would be required for any final decision.

Under the plan discussed by EU states, pay-outs could be suspended for five working days and the block could be extended to a maximum of 20 days in exceptional circumstances, the Estonian document said.

Spooking Customers

I side with Charlie Bannister of the Association for Financial Markets in Europe (AFME), who says “We strongly believe that this would incentivize depositors to run from a bank at an early stage.”

Why Might Customers Want to Run?

Here are a trillion reasons: Over €1 Trillion Nonperforming EU Loans: EU vs US Percentages.

Non-Performing Loans

Notes

  • I am unsure why the graphs sometimes use different country codes than appears in the first column. Where different, I show both symbols. The list of country codes is shown below.
  • Forb ratio stands for forbearance ratio.
  • Cov ratio stands for coverage ratio: (Loans – Reserve balance)/Total amount of non-performing loans. It’s a measure of how prepared a bank is for losses.

Italy, Greece, Spain, Portugal, and Ireland have a combined €606 billion in non-performing loans.

The entire European banking system is over-leveraged, under-capitalized, and propped up by QE from the ECB. Simply put, the EU banking system is insolvent.

That the EU has to consider such drastic measures proves the point.

Mike “Mish” Shedlock

About Mish

Mike « Mish » Shedlock is a registered investment advisor representative for SitkaPacific Capital Management.

 

10 réflexions sur “A lire: c’était votre argent, ce ne sera plus votre argent

  1. Merci encore une fois de vos articles et de votre blog. Je ne pourrais pas dire « je ne savais pas » question problème / situation économique réelle, mais, tout comme un autre lecteur dans votre article sur Draghi – 5 ans déjà-, j’aimerai avoir vos idées sur les moyens de passer entre les gouttes… le moins mal possible. Je comprends bien qu’entre l’analyse de la situation actuelle et des conseils de protection, vous n’avez pas le même degré de certitude, et que, au final, la responsabilité de nos choix d’allocation nous incombe (ie. si certains de vos conseils font choux blancs, je ne viendrais pas pleurer). Je ne demande pas des conseils sur 1 million d’euros hein, juste pour le quidam moyen que je suis et qui ne peut se diversifier à loisir (exemple: je ne peux pas avoir 25% en immobilier par exemple puisque 1 seul bien immobilier à 100k€ représente de facto plus de 50% de tout ce que je possède).

    J’imagine que tout vos lecteurs comprennent le danger de laisser ses économies en banque (actuelle loi contre le « bank run ») ainsi que dans les assurances vies (loi Sapin 2) -perso j’essaie de suivre ce qu’il se passe en Grèce et c’est dans la lignée (plafonnement des retraits en cash, baisse drastique des retraites et salaires, obligation de dépenser une partie de son salaire via la CB, saisies facilités par les banques des maisons en cas de non remboursement…). Les bourses (US en particulier) sont sur-évaluées (on parle de 30%) donc là aussi pas génial comme moyen de protection. Que nous reste t’il ?

    Avoir de l’argent liquide chez soi dans l’optique du blocage des distributeurs de billets pour commercer ? Avoir de l’Argent et Or (qui pourrait bien monter un jour) pour « couvrir » nos autres pertes ? Avoir des crypto-devises ? (je sais que vous ne faites pas dans ce domaine là)
    L’investissement locatif ? (vous m’avez déjà dit que toute dette pouvait être fatale car il faut pouvoir la rembourser même si notre bien perd 40% de sa valeur durant la crise … car alors c’est la banque qui le récupère). Avoir une maison à la campagne avec un grand jardin et des arbres fruitiers ? …

    Encore une fois et quoi qu’il en soit, un grand merci pour vos analyses et vos articles … celui d’aujourd’hui est très très très clair !

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    1. Je tente au fil des jours de faire progresser mes reflexions et mes informations sur tous les sujets qui nous/vous préoccupent, je vous en ferais part au fil du temps. Pour l’instant beaucoup de scenarios sont possiblles et il importe de ne pas aller plus vite que le réél.

      N’oubliez pas que nous pouvons sombrer aussi bien dans la déflation noire que dans l’hyperinflation si les autorités craignent trop la deflation et la colère des peuples. la seule chose dont je suis sur c’est la future confiscation par lar l’état au nom de l’égalité et l’interêt dit « général » ( des banquiers) rien n’est joué.C’est ce que je reproche aux Cassandre ils envoient les gens au casse pipe. Nous avancerons au fur et à mesure que les choses se décanteront.

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