Onfray et les autres, mon billet produit par la lecture de celui de Bruno Adrie.

On peut aimer ou détester Michel Onfray. Mon fils me rappelle souvent que c’est le premier auteur que je lui ai donné à lire à l’age de 7 ans. Cela a déterminé son intérêt pour la philosophie et en particulier pour Nietzsche.

On peut donc aimer Onfray et ne pas partager ses idées. C’est mon cas, en particulier sur le marxisme ou la psychanalyse, bien que ses attaques contre la Roudinesco soient un vrai régal.

En fait je préfère Houellebecq. Ou Le défunt Bernard Maris. Il faut partir non de  l’idée, mais de la vie quotidienne, de l’actualité et la déconstruire, la donner à voir dans sa nudité dépouillée des mystifications.   Dans ce style bien sur, je n’aime pas Zemmour car c’est un rebellocrate au sens de Muray. Il fait profession d’être rebelle. Et puis j’ai passé l’age d’être Chevènementiste, même si j’ai une tendresse pour Jean Pierre. Pour moi la souveraineté c’est pas celle de la Nation mais celle du peuple, celle des individus concrets, ceux qui existent. La réification de l’Idée de Nation, très peu pour moi.

Je n’apprécie guère les gens qui glosent sur le monde mais contribuent au maintien de ce que j’appelle le désordre, l’ordre pervers actuel qui fait marcher les gens à côté de leurs pompes, les aliène. Les rend étrangers à eux mêmes.

Je me plais cependant à répéter que je n’ai aucun ennemi du côté des contestataires du système.

Le gros problème de ces gens que j’ai cité est qu’ils croient tous que l’on peut lutter contre le système en profitant des facilités qu’il offre. Ils s’attendent tous à ce que le système les laisse utiliser la logistique qu’il a construite, pour lui même pour se reproduire et se maintenir. C’est pure naïveté, le système sait que nous sommes en guerre, une guerre « soft » d’accord, mais une guerre à mort: lui lutte pour sa survie et il a tout à perdre. Ces contestataires quasi officiels voudraient  qu’il , le système, les  laisse se servir de ses propres armes pour le détruire!  Les médias, la culture, l’audiovisuel public, France Culture etc.

Marine et Mélenchon partagent la même naïveté: croire que le système va leur offrir une Tribune pour autre chose que les utiliser à son profit!

Michel Clouscard a bien analysé le phénomène autour duquel je tourne: le système produit les propres moyens de sa reproduction.   Il produit le peuple qui lui convient, la société civile qui permet sa reproduction et au passage il annexe sa propre contestation. Il vit, il dure  de sa dénonciation. Le système est composé à la fois de ceux qui en font la louange et de ceux qui le critiquent. C’est une médaille à deux faces.

J’ai souvent reproché à tous ces gens d’être des intellectuels, des spiritualistes à la Berkeley,  qui croient que la vérité s’impose d’elle même. Ils parlent, écrivent, critiquent mais croient que la vérité s’impose d’elle même par un pouvoir magique, ce fut très net pour le chevènementisme qui a dégénéré en une fonction tribunitienne.

Lénine a résolu le problème de l’impuissance des intellectuels en considérant qu’il faut que la vérité pratique, la praxis soit incarnée dans des groupes sociaux, des fers de lance. On a vu de quelle façon cette philosophie politique a débouché sur une réalisation historique nomenklaturiste encore pire que celle qu’elle était censé combattre.

Je n’ai bien sur pas la solution, mais au moins je suggère que le problème se pose: comment faire de la politique, comment contester efficacement à notre époque?

Le billet de Bruno Adrie :

Onfray mis à la porte de l’audiovisuel public! Valeurs actuelles « ose » le mettre sur le même plan que Zemmour! Certains lecteurs s’emportent. Comment ce « torchon » peut-il associer Onfray avec une telle « ordure »?
Je constate une fois de plus que ceux qui ont des oeillères idéologiques et prétendument morales refusent d’aller chercher des informations utiles où elles se trouvent sous prétexte qu’untel est une « ordure ». Ce que ne voient pas ces canassons à la vue biaisée, c’est que tout le monde est l’ordure de quelqu’un (de fait, dans son délire, dans son incompréhension du monde qui l’entoure).

Personnellement je n’apprécie ni Onfray ni Zemmour parce qu’ils ont ceci de commun qu’ils dirigent leur petite épicerie éditoriale à des fins pas seulement d’enrichissement personnel (même si j’imagine que ça compte) mais aussi de satisfaction narcissique.

Je me méfie des lecteurs trop pressés qui « jettent », comme on dit vulgairement, « le bébé avec l’eau du bain » et je ne les trouve pas crédibles.


Quant à la mainmise de l’Elysée sur l’audiovisuel public, je ne vois pas pourquoi elle aurait disparu avec Macron. Onfray s’est présenté sous le talon du président surbronzé, c’est un grand garçon, il connaît les règles, il devait savoir qu’il risquait de se faire marcher sur la queue et se voir confisquer sa gamelle remplie par le contribuable (si telle est la raison, ce qui reste à vérifier).


On apprend aussi qu’Onfray aurait renoncé à son « université populaire » de Caen. Il faut savoir que celle-ci tournait sur fonds publics et qu’elle était une tribune gratuite pour le philosophe décoiffé (qui se vantait d’y venir gratuitement) d’où il pouvait s’adresser à sa secte de lecteurs-acheteurs en mal de philosophie pour tête de gondole destinée à faire saliver d’incurables frustrés prêts à aboyer contre quiconque s’en prendrait à leur maître.

Bruno Adrie

2 réflexions sur “Onfray et les autres, mon billet produit par la lecture de celui de Bruno Adrie.

  1. « Je n’ai bien sur pas la solution, mais au moins je suggère que le problème se pose: comment faire de la politique, comment contester efficacement à notre époque? »

    Je ne peux que souscrire à votre question, Mr Bertez. Ma récente expérience en tant que simple citoyen contestant, auprès des députés censés nous représenter, l’ingérence illégale et désastreuse française en Syrie depuis 7 ans me conduisent à la conclusion que la caste au pouvoir – majorité et les prétendues oppositions – n’a pour seul et unique objectif que sa perpétuation car la soupe est trop bonne même avalée sur le plus petit des strapontins.

    Entre avril et juillet dernier, mes mails à plus de 300 députés et des courriers recommandés aux chefs de groupes parlementaires pour solliciter l’ouverture d’une enquête parlementaire sont restés sans réponses.
    Compte tenu du contraste éclatant de la célérité avec laquelle deux enquêtes parlementaires ont été ouvertes pour l’affaire Benalla, j’ai adressé en août un nouveau mail aux députés intitulé « Députés dans la majorité ou dans l’opposition mais surtout très unis au sein du Parti de la guerre ».

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/deputes-dans-la-majorite-ou-dans-l-206743

    Ce mail a suffisamment piqué le député Alexis Corbière de LFI pour que sa cheffe de cabinet m’adresse un mail en septembre pensant certainement que j’allais gober la vacuité de sa « proposition ».

    Par cette « proposition » creuse et sans aucune portée concrète, Mr Corbière révèle la duplicité de LFI en matière de politique étrangère car voici ce que JLM affichait pendant sa campagne présidentielle de 2017.

    « LA FORCE DU PEUPLE. POUR L’INDÉPENDANCE DE LA FRANCE ET LA PAIX Je serai le président de la paix. Je m’inquiète de voir monter la guerre dans le monde et en Europe. Nous sortirons de l’OTAN pour ne pas être entrainés dans les guerres des États-Unis. Nous construirons une nouvelle alliance de pays non alignés, agissant pour la paix et dans le seul cadre de l’ONU. »

    J’ai bien entendu répondu à Mr Corbière et aux députés de LFI, car le groupe parlementaire de LFI, à lui seul, comme tout groupe d’opposition et/ou minoritaire peut exiger l’ouverture d’une enquête parlementaire à l’Assemblée Nationale via son « droit de tirage ».

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/lfi-pour-la-paix-vraiment-alors-il-207696

    J’attends leur réponse.

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  2. La société du spectacle annoncée de longue date par Guy Debord, on est dedans ; ce à partir de quoi Zemmour, Onfray, Houellebecq (malgré ou à cause de leur intellectuallisme tant verbeux que vaniteux) ne peuvent être rien d’autre que des articles de la pensée du divertissement. Pour être davantage et toucher la foule, il faut non seulement avoir une cause, mais aussi mettre ses tripes sur la table et là : personne !

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