Editorial: le marché de la dette à 10 ans US émet une demande de discipline.

Le gouvernement américain est en train d’augmenter la dette de plus de 30% du PIB en seulement deux ans. 

Les experts envisagent des taux annuels à deux chiffres, pour ces prochaines années. Et encore sans tenir compte d’éventuelles dépenses productives pour réparer les équipements publics.

Des dépenses déficitaires massives sont inévitables à perte de vue. Il est important de noter que Washington enregistre des déficits massifs malgré à la fois des cours boursiers records et des émissions de dette des entreprises à un niveau historique. Il faut aussi ajouter que nous nous trouvons face à des conditions financières les plus souples que l’on puisse imagnier.

Si l’expérience est de quelque utilité, l’histoire nous dit que la situation financière étant ce qu’elle est, c’est à dire très fragile et très déséquilibrée, une crise boursière est dans l’ordre des choses à court ou moyen terme. Il faudra alors à nouveau arroser de liquidités, gonfler le crédit et le déficit budgétaire pour enrayer la chute des cours et l’enchainement déflationniste.

Peu importe les causes proches , simplement on sait que la probabilité est d’autant plus forte que les excès boursiers actuels sont grands. Il y a deux sortes d’opérateurs sur les marchés actuellement: une classe de gogos qui est subjuguée par le Momentum et une classe de gens cyniques qui sont persuadés qu’il faut rester le plus longtemps possible et qu’ils baiseront les gogos. Cela produira un marché en chute vertigineuse. Ce sera le trou, sans contrepartie.

Jusqu’ou les déficits vont-ils monter en flèche lorsque cette bulle financière historique menacera d’éclater? Nul ne le sait , mais un déficit annuel de 4,0 à 5,0 trillions est une estimation raisonnable.

 Pas de soucis, Powell et ses complices nous disent que le bilan de la Réserve fédérale est là et qu’ils ont «tout ce qu’il faut». Dans le scénario de la prochaine crise financière et économique, la Fed augmentera ses achats de valeurs du Trésor, de MBS, de obligations d’entreprises et d’ETF à, disons, 300 / 500 milliards de dollars par mois. Les gourous qui ont fait leur preuve comme Rosenberg ou Shilling ou Snider disent que dans ce scenario, les taux des valeurs du trésor à 10 ans rebaisseront sous les 1% et ce peut être dès de la fin 2022.

Powell fait l’autruche écoutons-le alors qu’il s’exprimait à Princeton: «La dette fédérale américaine n’est pas sur la voie du développement durable» et «Une dette publique élevée n’affecte pas la politique monétaire».

 Comment une «Politique monétaire favorisant une dette publique élevée». pourrait elle ne pas être en perpétuelle croissance si tout le monde est d ‘accord pour augmenter les dépenses et personne pour faire rentrer plus de recettes?

Et encore, nous ne sommes pas en guerre ou pas encore !

Déja avec l’envolée des taux du 10 ans US à 1,3% on reparle de YCC, c’est à dire de contrôler la courbe des taux en pesant sur le long terme , combien faudra-t-il ravaler de papier pour le faire?

La hausse des taux longs à laquelle nous assistons en raison du regain de craintes inflationniste est normalement rééquilibrante, elle envoie un message à savoir qu’il faudrait peut être mettre un peu de discipline dans tout ce chaos .

 Le système a actuellement un besoin désespéré de discipline et cette discipline ne peut être imposée que par le marché parce que la classe politique est défaillante et que les autorités monétaires ont perdu le contrôle. Elles en sont réduites à rationaliser leur impuissance à sortir de l’engrenage dans lequel elle se sont elle même placées.

Seuls les marchés peuvent empêcher Washington et la Fed de mettre complètement en faillite le système américain et tout le reste, qui en dépend. En ce sens le mouvement rapide que nous observons sur le 10 ans est et sera un indicateur, selon qu’il jouera son rôle de Statue du Commandeur ou qu’au contraire on le manipulera pour l’empêcher de dire ce qu’il a à dire .

Le marché de la dette du gouvernement est peut être à ce stade le seul marché qui peut encore fonctionner et exprimer quelque chose qui ressemble à une discipline dans un monde ou les considérations fausses l’ont emporté.

Ecoutons Powell penser faux à haute voix:

Powell «Les États-Unis ne sont pas sur une voie durable au niveau du gouvernement fédéral dans le sens simple que la dette croît beaucoup plus vite que l’économie. Cela signifie que, par définition, ce n’est pas viable. Cela ne veut pas dire que le niveau de la dette est insoutenable. Ce n’est pas insoutenable et c’est loin d’être insoutenable.

Le critère de la soutenabilité des dettes comme guide pour la gestion monétaire est une aberration intellectuelle quand on sait que les dettes ne sont soutenables que parce que les taux sont bas et que les taux ne sont bas que parce qu’ils sont manipulés,.. par la Fed. Ce sont des taux artificiels qui n ‘expriment aucun équilibre stable. Gare à la transitivité/rflexivité. Se rassurer ne disant que la dette est soutenable, c’est se rassurer en se vantant que toujours les taux vont rester bas, c’est se rassurer en s’affirmant comme tout puissant et que jamais on ne perdra le contrôle des taux longs. En fait l’affirmation de la soutenabilité des dettes est suspendue dans les airs de la tautologie la plus stupide , tautologie qui fait écho au fameux votre fille est muette parce ce qu’elle ne parle pas, qui transposé ici donne, la dette est soutenable parce que nous faisons tout pour la soutenir. Nous croyons qu’elle est soutenable parce que nous sommes persuadés qu’elle est soutenable au sens ou on peut la soutenir artificellement.

Que se passera t-il si les hirondelles que l’on voit passer dans le ciel économique et qui annoncent l’inflation se font plus nombreuses et plus convaincantes? que se passera t- il si les anticipations se réalisent d’être crues et modifient les comportements?

Que se passera-t-il si le rendement du 10 ans US franchit le seuil des 1,70%?

la hausse des cours du pétrole, une hirondelle dans le ciel économique

Hausse des prix à la production et des commodities

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