Editorial. Le mur de l’argent revisité. En route vers le trillion. L’irresistible ascension des zombies.

Le terme mur d’argent, ou mur de l’argent exprimait dans les années 1920 l’opposition des grands capitalistes à toute réforme économique et sociale. Il fut forgé par Herriot en 1924 je crois. pour exprimer l’action négative des détenteurs de capitaux face à la montée d’une démocratie ouvrière,

Ce n’est pas en ce sens que j’ai forgé ce concept. Je l’ai forgé pour marquer la grève du capital lorsqu’il estime que le taux de profit qui lui est offert ne lui parait pas suffisant.

Le capital exige, car il en a besoin pour survivre. un taux de profit moyen compétitif: si le capital ne se met pas en valeur et ne réalise pas son taux moyen , il s’étiole et meurt car les capitalistes sont en concurrence entre eux pour le profit.

Depuis la financiarisation, les choses ont changé, on ne lutte plus seulement pour le profit mais pour la maximisation du cours de bourse, du prix, de la valeur boursière.

L’enrichissement des riches à notre époque se fait pour moitié par le profit et pour moitié par la revalorisation boursière a calculé le Mac Kinsey Institute.

Si les occasions d’investir sont jugées insuffisante on n’investit plus dans les équipements ou la production, on fait de la finance, on spécule, On joue au monopoly et on fait la grève de l’investissement productif: Au lieu de produire des richesses on produit des plus values, on joue sur des écarts de prix. L’alchimie boursière joue maintenant un role central dans l’enrichissement.

Et dans la cadre de la financiarisation et du pouvoir du capital, les banques centrales aident celui ci s’enrichir et à maximiser le cours de bourse par le levier. Elles offrent au capital la possibilité de se racheter lui même, de racheter ses titres. Grace au crédit gratuit: le manager décide de racheter le capital émis, de décapitaliser, de le réduire en empruntant des fonds gratuitement à la Fed ou a une autre banque intermédiaire.

Le cours de bourse monte, le capitaliste s’enrichit, le manager touche un bonus.

La gréve du capital qui, comme le salarié refuse d’accomplir sa fonction quand il ne gagne pas assez.,,cette grève passe par la finance et la bourse. mais elle est facilitée par la banque centrale qui fournit le crédit gratuit .

La grève du capital est malthusienne, déflationniste, elle fragilise le système économique car il se décapitalise et devient moins apte à supporter les aléas.

Et bien sur c’est un pillage de la monnaie au détriment des peuples. La monnaie est bien commun. dont on fait ainsi un usage abusif. Dans le passé les buy backs, les rachat d ‘action étaient d’ailleurs interdits.

Rien que pour cela les banquiers centraux devraient être emprisonnés.

L’argent tombé du ciel depuis mars 2020 n’a pas servi à investir dans les équipements productifs il a servi a spéculer et à financer la grève du capital, Les firmes annoncent des rachat records ; on est au rythme de 220 / 230 milliards par trimestre et dans l’année on va approcher du trillion.

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les autorités s’attendent à une poursuite de la stagnation séculaire malgré tout l’argent crée par les banques centrales, les taux zero, et tous les deficits keynésiens. Pourquoi? Parce que le capital fait la grève, voila ce que personne ne vous dit.

Et pourquoi le capital fait il la grève? Parce que dépenser ses capitaux pour produire n’est pas assez rentable compte tenu du taux de profit espéré, compte tenu de l’état de la demande et compte tenu du facteur risque.

Certains optimistes dominants ont émis dès 2020 l’idée selon laquelle le monde capitaliste avancé était sur le point de connaître une vague de prospérité comme dans les années 20, comme après l’épidémie de grippe . La grande différence entre les années 1920 et les années 2020 est que la crise de 1920-21 aux États-Unis et en Europe a éliminé le « bois mort » des entreprises inefficaces et non rentables par les faillites, elle a fait remonter la profitabilité afin que les survivants puissent bénéficier de plus de parts de marché. Ainsi, après 1921, les États-Unis ont non seulement récupéré, mais sont entrés dans une (brève) décennie de croissance et de prospérité. Pendant les années folles, le PIB réel des États-Unis a augmenté de 42 % et de 2,7 % par an et par habitant. Rien de tel n’est prévu maintenant parce que la politique imbécile des banques centrales et des gouvernements vise à maintenir le bois mort, la pourriture et que ceci produit une économie de plus en plus zombie.

En économie comme en social, le fait de refuser la loi de la jungle entretient la faiblesse, la pourriture, la perversion et ceci se traduit par une perte de dynamisme et de force de vie.

 Un long boom, une avancée sociale significative ne sont possibles que si et seulement si, au départ, il n’y a pas beaucoup de bois mort et de poids morts:

Une période de prospérité comme celle qui a suivi la guerre en 45 n’est possible que s’il y a eu une destruction significative du stock de capital, soit physiquement, soit par dévaluation, ou les deux. 

Joseph Schumpeter, l’économiste autrichien des années 1920, s’inspirant de Marx, a appelé cette destruction la « destruction créatrice ». Il a rappelé cette vérité incontournable: « le serpent ne survit que de sa mue ».

L’innovation fait prospérer mais il faut en même temps nettoyer les processus d’accumulation, les technologies obsolètes et détruire les capitaux défaillants et non rentables,  Les idiots qui font monter les cours de bourse empêchent le nettoyage, ils empêchent les économies productives de repartir sainement. Ils protègent leurs maîtres et complices, les détenteurs du capital ancien!

La destruction créatrice crée les conditions d’ un taux de rentabilité plus élevé après que les pourris, les inefficaces aient été dévorés par les grands et les forts. La vie c’est la loi de la jungle, le groupe social ne survit que de sa cruauté ,de sa capacité à savoir se couper un bras quand il le faut, l’homme est un loup pour l’homme.

Nos sociétés vont continuer de végeter, de patauger, de s’enfoncer dans la paupérisation des classes moyennes et l’enrichissement scandaleux et indu des riches Il y a deux raisons principales :

premièrement, la rentabilité du vrai caital, le capital productif est toujours toujours faible (on entend par là les bénéfices par rapport à l’investissement total dans les moyens de production et la main-d’œuvre) ; et

deuxièmement, la dette a continué de galoper, de s’entasser aussi bien au niveau des entreprises qu’au niveau des gouvernements. Le capital fictif, financier a encore alourdit son emprise.

La politique d’argent gratuit et facile a été contre productive, elle joue contre la selection et donc contre l’adaptation: Elle est,sous couvert mensonger de progressisme, profondément conservatrice et malthusienne. Elle ne vise qu’a protéger un ordre social qui aurait du, pour le bien commun à long terme , être pulvérisé.

Notre époque se caractérise par l’irresistible ascension des zombies et c’est un phénomène général même si on n’en parle qu’au niveau économique. Une époque de morts vivants de Non Playing Character , de NPC, de faux individus perdus dans la mêmitude. Pas étonnant que l’on élise des Biden ou des Macron, chacun à leur facon , ils sont les mandataires des zombies.

Ci dessous l’irresistible ascension des zombies, ligne rouge!

EN PRIME

Rapport du McKinsey Global Institute,

2 réflexions sur “Editorial. Le mur de l’argent revisité. En route vers le trillion. L’irresistible ascension des zombies.

  1. La notion de grève du capital est intéressante.

    La singularité de cette crise c’est que l’accumulation de pourriture atteint un niveau jamais vu et qu’en toute logique le nettoyage sera de même ampleur.

    Si vous avez une société zombie vous avez aujourd’hui plus de chance d’obtenir un prêt bancaire qu’une société saine mais jeune. Les banques préfèrent entretenir des zombies plutôt que de passer des pertes dans leurs comptes.

    C’est symptomatique de la fuite en avant qui caractérise nos sociétés mais aussi et plus profondément du refus de nos élites d’affronter le réel et traiter les problèmes. C’est vrai en toute matière, on pilote à courte vue à coups d’artifices pour acheter du temps en espérant que ça s’arrange miraculeusement… Ce qui a disparu en occident c’est tout simplement le courage.

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  2. Cela fait un moment que je ne vous ai pas remercié, alors merci M. Bertez.
    Merci de nous exposer, clairement, les mécanismes globaux, économique, monétaire, financier et de le fusionner a la géopolitique.

    Longue vie à vous et votre oeuvre

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