Etre « trans »; maitriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême, s’installer à la présidence et de là faire bander la France.

Maîtriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême
S’installer à la présidence et de là faire bander la France (être une femme)
(Être une femme)

Maîtriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême
S’installer à la présidence et de là faire bander la France (être une femme)
(Être une femme)

Dans un voyage en absurdie
Que je fais lorsque je m’ennuie
J’ai imaginé sans complexe
Qu’un matin, je changeais de sexe
Que je vivais l’étrange drame
D’être une femme

Femme des années 80, mais femme jusqu’au bout des seins
Ayant réussi l’amalgame de l’autorité et du charme
Femme des années 80, moins Colombine qu’Arlequin
Sachant pianoter sur la gamme qui va du grand sourire aux larmes
Être un PDG en bas noir, sexy comme autrefois les stars
Être un général d’infanterie, rouler des patins aux conscrits
Enceinte jusqu’au fond des yeux qu’on a envie d’appeler monsieur
Être un flic ou pompier d’service et donner le sein à mon fils (être une femme)
(Être une femme)

Femme cinéaste, écrivain, à la fois poète et mannequin
Femme panthère sous sa pelisse et femme banquière planquée en Suisse (être une femme)
Femme dévoreuse de minets, femme directeur de cabinet
À la fois sensuelle et pudique et femme chirurgien-esthétique (être une femme)
Une maîtresse Messaline et contremaîtresse à l’usine
Faire le matin les abattoirs et dans la soirée le trottoir (être une femme)
Femme et gardien de la paix, chauffeur de car, agent-secret
Femme générale d’aviation, rouler des gamelles aux plantons (être une femme)
(Être une femme)

Être un major de promotion, parler six langues, ceinture marron
Championne du monde des culturistes, aimer Sissi impératrice (être une femme)
Enceinte jusqu’au fond des yeux qu’on a envie d’appeler monsieur
En robe du soir, à talons plats qu’on voudrait bien appeler papa (être une femme)
Femme pilote de long-courriers, mais femme à la tour contrôlée
Galonnée jusqu’au porte-jarretelles et au steward rouler des pelles (être une femme)
Maîtriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême
S’installer à la présidence et de là faire bander la France (être une femme)
(Être une femme)

Femme et gardienne de prison, chanteuse d’orchestre et franc-maçon
Une strip-teaseuse à temps perdu, emmerdeuse comme on n’en fait plus (être une femme)
Femme conducteur d’autobus, porte des halles, vendeuse aux puces
Qu’on a envie d’appeler Georges, mais qu’on aime bien sans soutien-gorge

Femme des années 80, mais femme jusqu’au bout des seins
Ayant réussi l’amalgame de l’autorité et du charme
Femme des années 80 moins Colombine qu’Arlequin
Sachant pianoter sur la gamme qui va du grand sourire aux larmes (être une femme)
(Être une femme)
(Être une femme) Être un PDG en bas noir, sexy comme autrefois les stars (être une femme)
Être un général d’infanterie, rouler des patins aux conscrits (être une femme)
Femme cinéaste, écrivain, à la fois poète et mannequin (être une femme)
Femme panthère sous sa pelisse et femme banquière planquée en Suisse (être une femme)
Femme dévoreuse de minets, femme directeur de cabinet (être une femme)
À la fois sensuelle et pudique et femme chirurgien-esthétique (être une femme)

Être un major de promotion, parler six langues, ceinture marron (être une femme)
Championne du monde des culturistes, aimer Sissi impératrice (être une femme)
Femme et gardien de la paix, chauffeur de car, agent-secret (être une femme)
Femme générale d’aviation, rouler des gamelles aux plantons (être une femme)
Femme pilote de long-courriers, mais femme à la tour contrôlée (être une femme)
Galonnée jusqu’au porte-jarretelles et au steward rouler des pelles (être une femme)
Maîtriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême (être une femme)
S’installer à la présidence et de là faire bander la France (être une femme)

Femme des années 80, moins colombine qu’Arlequin (être une femme)
Sachant pianoter sur la gamme qui va du grand sourire aux larmes

Dans la chanson de Sardou, tout est dit mais surtout l’essentiel:

et de là faire bander la France.

Etre l’objet du désir. Faire bander, séduire, détenir le pouvoir suprème, c’est à dire en étant objet de désir et non pas en tant que mâle producteur ou guerrier.

Sujet en creux, réceptacle pris dans les filets du regard de l’autre.

Les phénomènes sociaux sont surdéterminés. Ils résultent de convergences muliples, opaques, entrecroisées, qui forment une sorte de complexes, de noeuds difficiles à débrouiller.

Je vous livre ici un témoignage tout simple d’un éducateur. Il y a beaucoup de choses dans ce petit texte pour ceux qui veulent alimenter leur réflexion sur ce sujet de l’auto-destruction.

Je résiste à l’envie d’analyser ce texte car si je me lance sur ce thème je vais avoir des difficlutés à en sortir.

Mais j’aime la chute: « être normal c’est n’être rien« .

Cette chute nous invite à cette interrogation abyssale, vertigineuse ; mais qu’est-ce que c’est donc qu’être quelque chose?

J’aime aussi cette phrase dans laquelle l’auteur nous dit, parlant de la convergence « trans »/ »anorexie » – les deux sont « enracinées dans la conviction que si vous changez de corps, vous ne vous détesterez plus »

Ce texte me fait penser à des escrocs de la pensée comme Sartre qui, explorant l’existentialisme prétendait que « l’existence precède l’essence », que « l’habit fait le moine ».

Croire et faire croire que l’on peut en changeant d’apparence changer soi même , cesser d’être une merde et devenir quelqu’un est une tromperie.

C’est une tromperie bien entretenue par les marchands qui veulent vous faire croire que si vous achetez leurs produits vous serez different et même que vos problèmes d’être disparaitront. Helas l’être est irreductible à l’avoir.

La négativité, l’angoisse, le mal-être sont notre lot de sujet pensant. De sujet inscrit dans le langage. Nous sommes des êtres de coupure, d’un cote un corps qui nous symbolise et de l’autre notre psyché qui est le lieu de notre conscience de nous même.

L’horizon collectif , le mythe de la Révolution ne sont plus là pour canaliser nos pulsions, nos désirs, nos envies. La négativité est là, flottante sans but qui donnerait sens à la vie. « Produire » n’occupe plus vraiment dans un monde dominé par le « séduire » et aliéné dans le regard de l’autre. Perte du sens, mort des certitudes, absence de projet de vie, narcissisme, destruction des identités, des identifications parentales impossibles , ascension des anti modèles sociaux, pulvérisation des codes, excitation continue des désirs et des envies que l’on ne peut réaliser, beaucoup de choses concourrent au malaise dans la société et aux souffrances individuelles.

Les salopards stratèges et ingénieurs sociaux ont toute une panoplie d’armes pour fracasser nos sociétés, les émietter, les pulvériser et les plonger dans le nihilisme ou la haine de soi..

Is trans the new anorexia?

Becoming a woman is an unappealing business

BY LIONEL SHRIVER

Lorsque j’enseignais la composition de première année dans des collèges de New York au milieu des années 80, j’ai découvert un schéma particulier lors de conférences individuelles avec mes étudiantes. 

Avec une fréquence improbable, ils confiaient qu’ils étaient anorexiques. 

Le terme n’était entré dans le lexique populaire qu’environ 10 ans plus tôt, et la mort de la chanteuse pop Karen Carpenter en 1983 avait donné un énorme coup de pouce à la sensibilisation du public à ce dérangement perturbateur.

Pourtant, tous ces étudiants de 18 ans n’avaient pas un poids insuffisant. Il m’a fallu une minute pour le comprendre . Ils aspiraient à être anorexiques. L’anorexie était un diagnostic de prestige.

Alors que certains de ces étudiants ont peut-être simplement flirté avec la condition, ils étaient des canaris dans une mine de charbon très sombre. Un trop grand nombre de leurs pairs entreprenaient sérieusement une restriction calorique potentiellement mortelle. 

L’anorexie était déjà connue pour être la plus meurtrière de toutes les maladies psychiatriques. Vouloir être anorexique, alors, c’est comme avoir envie de contracter une nécrose.

Dans les années 90, mon voyeurisme macabre naturel m’a incité à lire plusieurs livres sur l’auto-famine obsessionnelle; le meilleur était le roman poignant de Jenefer Shute, Life Size.

Ce mois-ci j’ai sauté sur l’occasion de lire Good Girls de Hadley Freeman : Une histoire et une étude de l’anorexie .

 À partir de 1992, la chroniqueuse a lutté pendant de nombreuses années avec le trouble de l’alimentation, pour lequel elle a été hospitalisée à plusieurs reprises pendant des mois. 

Pourtant, avant de plonger dans ce qui s’est avéré être un mémoire convaincant et direct, j’ai résisté. Honnêtement. Le sujet semblait daté. Car en tant que diagnostic de prestige, l’anorexie a été remplacée. Par trans.

Bien que Freeman passe un demi-chapitre sur le chevauchement entre les deux afflictions – les deux sont « enracinées dans la conviction que si vous changez de corps, vous ne vous détesterez plus » – tout au long de son récit, j’ai commencé à remarquer d’autres intersections.

Les deux névroses sont clairement transmissibles. Depuis que la préoccupation pour la minceur a pris son essor dans les années 60, les troubles de l’alimentation ont explosé, rendant douteuse l’  insistance plus récente  selon laquelle l’anorexie est davantage une propension génétique héréditaire qu’une contagion culturelle. 

A partir des années 70, un nombre croissant de jeunes femmes ont eu l’idée d’exprimer leur mécontentement d’elles même par une faim débilitante à travers une médiatisation somptueuse. 

En fait, depuis 2010, le nombre d’adolescentes référées au service de développement de l’identité de genre de Tavistock a augmenté de 5 000 % – mettant en avant   valoir une explication purement génétique totalement incertaine. 

Ces deux afflictions sont des confections sociales. 

Bien que des histoires de personnes qui se sont affamées ou qui sont passées pour le sexe opposé existent dans les archives historiques, les troubles de l’alimentation et le transgenre à grande échelle sont des inventions récentes. 

Collectivement, nous avons inventé ces terribles maladies.

Freeman identifie son «déclencheur» à 14 ans. Assis à côté d’un camarade de classe squelettique en cours de gym, Freeman a demandé: « Est-ce difficile d’acheter des vêtements quand vous êtes si maigre? » « Ouais », répondit la fille. « J’aimerais être normale comme toi. »

« Un tunnel noir s’est ouvert en moi », écrit Freeman, « et je suis tombé dedans, Alice dans Nowhereland. ‘Normale.’ Pas « mince », pas « maigre » — « normale ». La normale est moyenne. 

La normale était ennuyeuse. 

La normalité c’est n’être rien.

Une réflexion sur “Etre « trans »; maitriser à fond le système, accéder au pouvoir suprême, s’installer à la présidence et de là faire bander la France.

  1. Bonjour M. Bertez
    Merci pour ces textes.
    Voir aussi: Citadelle – Saint Exupéry p.15 – 16. ( éd.1958)
    « ….mais à peine le mal était-il effacé qu’ils se découvraient sans importance, ne nourrissant plus rien de soi, comme inutiles et qu’ils s’occupaient désormais de ressusciter d’abord cet ulcère qui vivait d’eux. .. »

    Littéralement, le symbolique unit, le diabolique divise.

    Tel est le vrai sens du diabolisme: être divisé contre soi-même,
    jusqu’à se détruire, jusqu’à en mourir!

    Vous écrivez: « Les salopards stratèges et ingénieurs sociaux ont toute une panoplie d’armes pour fracasser nos sociétés, les émietter, les pulvériser et les plonger dans le nihilisme ou la haine de soi. »

    On sait ainsi de quel Prince ils se font les serviteurs et ils sont légions.

    Cordialement

    J’aime

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